Vive les mariés !
Ce matin, Monsieur 3xrien et moi, nous nous sommes mis sur notre 31. Nous étions invités au mariage d’un collègue. En soi, ça n’a rien d’extraordinaire, mais seulement voilà, il s’agissait d’un mariage Hindou.
Le mariage Hindou est sans doute le mariage le plus traditionnel du monde. Les traditions ancestrales ont été jalousement conservées et appliquées selon les castes et les régions. Un mariage Hindou, c’est tout d’abord une entente entre deux familles avant d’être l’union d’un homme et d’une femme. La plupart des mariages sont arrangés. Je ne pense pas que cela ait été le cas ce matin.
Un mariage Hindou se déroule en trois étapes à suivre : le nichayadartham, thirumanam et le Var Mala.
Le nichayadartham : au cours de cette première démarche, les deux familles se rencontrent pour fixer le montant de la dot. Les deux parties font appel aux services d’un voyant pour savoir si le couple est compatible. Si les astres annoncent un bon présage, ils sont de nouveau consultés par le voyant pour fixer la date et l’heure de la cérémonie de mariage. Hier était visiblement un bon jour car on faisait la queue pour se marier !
Le thirumanam : il s’agit de la cérémonie de mariage proprement dit qui peut s’étaler jusqu’à 12 jours selon l’organisation et le budget des familles. Le marié porte un vetti et un chandail blancs ainsi qu’un chapeau nuptial, tandis que la mariée se pare d’un sari rouge et de bijoux traditionnels.
La relation entre les deux familles est très marquée : par exemple, la sœur du futur époux accompagne la mariée et sa famille. Le marié offre une bague au frère de la mariée ; les mariés demandent la bénédiction des parents ; les deux pièces d’or sur le collier que le marié offre à sa bien-aimée symbolisent la prospérité des deux familles…
Le Var Mala : la famille de la mariée reçoit le marié sur une estrade avec des fleurs. La mariée est accompagnée par son oncle maternel, son frère ou un ami pour rejoindre son mari sur l’estrade. Le couple échange alors des guirlandes de fleurs (var mala) pour montrer qu’ils s’acceptent mutuellement et que leur amour est réciproque.
Lorsque la cérémonie de mariage est achevée, les époux sont unis pour l’éternité : si l’homme venait à mourir, la femme n’a plus le droit de se remarier : elle doit toujours s’habiller en blanc et elle ne porte plus de poddu (point rouge sur le front) en guise de deuil. Bien que les Britons aient aboli cette loi, le remariage des femmes est encore très mal perçu dans certaines communautés.
J’ai donc débarqué sur mes queues de cerise au moment du thirumanam et heureusement au Temple, on se déchausse. Le pied (c’est le cas de le dire), j’ai ainsi évité bugnons et ampoules !
A l’intérieur du temple, c’était une explosion de couleurs, une profusion de saris en soie. C’était tout simplement magnifique.
Et puis, il y a la musique. Le mariage Hindou n’est pas une discrète affaire.
Au moment où nous sommes arrivés, la mariée était seule avec le prêtre et la sœur de son futur époux (tholi) qui joue le rôle de demoiselle d’honneur. C’est elle qui guide la mariée au cours des différentes étapes de la cérémonie. A mon avis, elle avait dû le potasser son « Mariage pour les Nuls » ! Moi je m’y serais perdue entre les « badigeonne-moi de ça », « passe-moi les mains au feu », « éclabousse-moi de ci ». C’est certain, elle avait le diplôme !
Puis la mariée s’est retirée pour aller se changer après qu’on lui ait offert son sari de mariage. Le marié a alors refait apparition et a procédé à la cérémonie du « cleansing », une sorte de nettoyage de l’esprit qui se fait par les pieds (cherchez pas à savoir, laissez-vous porter). Et là, on lui met deux bagues aux orteils. Une que sa future épouse lui retirera plus tard pour la mettre à son orteil à elle. Les Hindous ne portent pas de bague au doigt, seulement une bague (minji) à l’orteil pour symboliser leur statut matrimonial.
Ensuite, c’était au tour du marié de passer quelques minutes seul avec le prêtre et le frère de la mariée (tholan) qui lui, sert de garçon d’honneur. Je me suis posée la question de savoir ce qui se passerait si vous n’avez ni frère ni sœur pour se charger de la besogne ? Ca ne doit pas arriver souvent car les Hindous semblent avoir de très grandes familles.
La mariée avait des mains tatouées au Henné superbes. Il semblerait que ce soit de nos jours plus pour faire joli que symbolique. Cependant avant, les tatouages prédisaient la durée et la solidité de l’union. Si les tatouages perdaient trop vite de leur couleur, il était prédit que l’union ne durerait pas. Si au contraire, le tatouage gardait toute sa force, alors c’était un mariage fait pour durer. Il faut donc commencer les tatouages au moins un mois à l’avance et les renouveler de temps en temps pour qu’ils gardent toute leur vigueur le jour J. Moi, je dis c’est de la triche !
Les mariés se sont ensuite retrouvés, ont échangé des colliers de jasmin du style « je te le donne, tu me le rends, tiens je te repasse le premier, et si tu prenais celui que je viens de te donner, ah non, celui-là, j’en veux pas c’est le tien ». Ça n’en finissait pas !
Les invités se sont mis ensuite à lancer du riz et des pétales de fleurs sur les mariés ce qui fait qu’après toute la cérémonie, on se serait cru pieds nus, dans une rizière ! Ensuite le marié s’est mis à dessiner sur le front de son épouse des p’tis points de toutes les couleurs pour marquer leur union. Puis, tout le monde a fait la ronde autour du feu sacré (saptapathy) :
Au premier phera (tour), le couple invoque les dieux afin d'avoir une vie noble et respectueuse.
Au deuxième phera, ils réclament la force physique et morale pour bien mener leur vie commune.
Le troisième phera est consacré pour l'accomplissement des engagements spirituels. Les dieux sont invoqués pour bénir le couple.
Au quatrième phera, le couple prie pour une longue et heureuse vie.
Le cinquième phera est une prière pour le bien être de tous les êtres vivants de l'univers.
Au sixième phera, le couple prie pour les saisons.
Et enfin, au dernier phera, ils prient pour la paix et la fidélité.
Et là, tout le monde a mal au cœur !
Ensuite, le marié passe la minji (bague) autour de l'orteil de la mariée et celle-ci fait de même pour son époux. On me dit de source sure que c’est la première et la dernière fois au sein de leur union que Monsieur se met à genoux devant Madame. Je pense que certaines personnes bien intentionnées auraient intérêt à être recadrées avant que je m’énerve !
Deux personnes âgées, habituellement les grand-mères, font l'arathi, qui consiste à conjurer le mauvais œil autour du couple. Les mariés se prosternent aux pieds du prêtre puis des parents afin de recevoir leurs bénédictions. Puis c'est le Kalyana Vevu et le Mama Vevu où les mariés reçoivent des cadeaux de part et d'autre des deux familles.
Pour clôturer la cérémonie, un repas est servi pour tous les invités, il s'agit du Kaichi Utrrudal. Comme nous avons déjeuné au Temple, le repas était végétarien et j’ai pu, pour la première fois, goûter à l’eau de rose. C’est très bon et rafraîchissant mais quand même fort sucré ! Pour ceux/celles qui se posent la question, il n’y a jamais d’alcool dans ces mariages là. Surtout pas au Temple. Alors aucun risque d’en voir un rouler sous la table complètement imbibé.
Vous devez vous demander comment je sais tout ça. Et bien, l’ambiance de la cérémonie était tellement conviviale et les invités tellement accueillants à notre égard (on fait tache – on a la peau trop claire) que tout le monde s’était donné pour mission de nous expliquer les différentes étapes. Histoire de s’assurer qu’on n’allait pas s’ennuyer. Et moi, j’ai tout simplement adoré ! Rendez-vous dimanche 9 décembre pour le repas de réception. Et bien oui, ça n’est pas terminé !