Dallas Provence, mon univers impitoyaaaaaaabbbbllle. C’est dur les vacances ! Encore plus quand on les passe à côté d’un chantier de construction animé tout l’été par le seul maçon de la région qui ne fait pas les 35 heures! Le Club Med à côté, c’est du pipeau.
Moi, qui viens de passer toute l’année bercée par le doux bruit de la grue de démolition derrière chez nous, j’espère naïvement couler des jours heureux dans ma Provence Natale. Que Nenni ! Maçon fou a d’autres idées en tête.
Comme c’est un homme assidu, il passe tous les matins sur son chantier… à 6h30 pour d’abord garer la caisse diesel qui lui sert de camion de travail juste sous les fenêtres des Nains, c’est-à-dire, pile poil devant ma porte d’entrée. T’inquiète Maçon, c’est le début des vacances, je ne suis pas encore tombée dans le cubi de rosé et j’arrive encore à glisser mes hanches entre ta caisse et mon mur. Fin août, je ne dis pas ! Il faudra sans doute que je fasse le tour du pâté de maison pour venir te débusquer dans ton antre, si tu survis à l’été, cela va sans dire.
Je n’ai jusqu'à présent rien dit. Enfin, je suis juste passée lui demander quand allaient se finir les travaux infernaux. Il m’a assuré avoir bientôt terminé et que comme les propriétaires allaient s’installer, et qu’il ne voulait pas les déranger, il avait prévu de se retirer pour leur laisser passer des vacances en paix. Ah, et moi alors ?
Deuxième petit matin, je déjeune au son du marteau-piqueur. Il est 7h sur ma terrasse inondée de soleil. Maçon fou est en pleine forme ! Le reste du village, du moins la rue, peut-être moins. Je garde mon calme. Cet homme n’aura pas ma peau !
Je glisse quand même mes hanches entre mon mur et sa caisse. L’Homme m’accoste et remarque « vous n’êtes pas d’ici, vous, avec votre accent ». Le comble, l’Homme est perspicace! Je me retiens d’éclater de rire en lisant son nom de famille aux tonalités méditerranéennes gravé sur les portières de sa caisse. C’est vrai que le Portugal, c’est beaucoup plus local que la Malaisie. Il faut en convenir ! Et l’Homme d'afficher un moment d’incertitude alors que sa cervelle fatiguée essaye de localiser la Malaisie sur la carte de l’Europe. C’est ça Maçon, un peu plus à droite, tu es sur le bon chemin.
Samedi, oh joie, oh béatitude profonde, Maçon fou profite enfin de son week-end et moi je dors.
Dimanche, 8h30 : le comble. C’est Rambo boosté aux cornflakes. Il cogne du marteau sur la grille métallique. Il m’a fallu, top chrono, exactement 1 minute 43 pour trouver ma culotte, sauter dedans, descendre à toute volée les escaliers et ouvrir ma porte d’entrée pour jaillir dans la rue sous les yeux ébahis et incrédules de Maçon qui du coup en reste marteau en l’air. « Comment ça, on n’a pas le droit de travailler le dimanche ! ». J’hallucine. Le seul de tout l’Hexagone qui n’a pas assimilé le principe du repos dominical et qui n’est pas syndiqué ! En 30 secondes, je lui explique le principe du « si tu me cherches, tu me trouves ». Il en reste sans voix.
Dimanche, 8h45 : j’entends Maçon desserrer le frein à main de sa caisse castillane et descendre la rue en roue libre. C’est ça, aie peur, très peur même !