Derrière notre maison, se trouve un terrain abandonné. Il y a quelques années, le propriétaire de ce terrain a tenté d’y construire une maison mais comme il y pousse un ÉNORME arbre qui appartient au voisin, l’élévation des murs s’est vite révélée problématique. Comme le voisin refusait de couper son arbre et que le reste du voisinage s’est associé pour s’opposer à sa destruction, le propriétaire du terrain a fait démolir sa construction avortée et, depuis, laisse pousser l’herbe folle. C’est devenu une vraie jungle !
C’est pour cette raison que nous voyons régulièrement débarquer quelques bébêtes sauvages comme notamment Momo le varan ICI ou encore quelques singes qui se font un plaisir de se servir sur mes arbres fruitiers.
Samedi soir, nous sortons pour diner et au retour je me précipite aux toilettes (petite vessie = petite contenance). J’ouvre la porte et je pousse un cri. À mes pieds, s’agite Colin le cafard que j’ai dérangé dans ses occupations. Je déteste ce genre de bestioles. Ça court tellement vite qu’il faut avoir des nerfs d’acier.
Monsieur 3xrien et le Nain, attirés par mon cri, viennent constater les dégâts. Je referme rapidement la porte, me jette vers la cuisine, attrape la bombe tue-cafard et je reviens vers les lieux du crime. Notez qu’à ce moment là, Monsieur 3xrien est légèrement verdâtre. Il est pire que moi dans le domaine des petites créatures sauvages. Il est incapable de faire face à un escargot, alors un cafard, pensez donc !
Mais, et c'est tout à fait à son honneur, il reste quand même à côté au moment où j’ouvre à nouveau la porte, asperge la bestiole et contemple, satisfaite, l'objet de mon crime agoniser.
Sauf que… en regardant Colin se débattre avec les affres de la mort, je remarque pire encore. Au bas de ma porte d’Atelier qui jouxte les toilettes, semble avoir été abandonné sur le sol, un bout de cordelette. Sauf que… la cordelette se met à bouger et tente de se faufiler – avec succès – sous ma porte. Il faut se rendre à l’évidence, un serpent est entré chez moi.
Monsieur 3xrien entrouvre la porte de l’Atelier, recule avec effroi et prend la fuite… Colin, mort sous sa chaussette ! Le pauvre Colin n’a pas eu le temps de terminer son acte de décès. Il a rendu l’âme, écrasé par le poids de l’Homme. Et quand on sait combien ce dernier a pu se goinfrer pendant le confinement, ce n’est pas une mort glorieuse.
Que faire ? Sammy snake n’est pas une grosse affaire, j’ai même l’impression que c’est un bébé. On dirait un gros lombric. Mais un bébé quoi ? Et surtout, où est sa maman ? Comment a t-il pu arriver jusqu’à mon Atelier ?
L’Homme m’accuse immédiatement de négligence et d’avoir laissé la porte de la cuisine grande ouverte sur la jungle contiguë. C’est ça, lâche toi sur les autres, enfonce-moi !
Comme Sammy n’a pas l’air ultra féroce, j’envoie l’Homme me chercher un récipient en plastique et une baguette chinoise. C’est comme ça qu’on attrape les scorpions chez nous en France, il n’y a pas de raison que ça ne marche pas avec Sammy.
Armée de mon récipient et de ma baguette, je tente de freiner Sammy dans son avancée vers mes étagères où, s’il venait à s’y glisser, serait perdu à jamais.
Le fourbe change d’avis, fait demi tour et va se refugier dans le cadre de la porte. Je tente vainement de l’en déloger mais il disparaît inexorablement dans les fissures du mur. C’est fichu !
Nous sommes allés nous coucher bredouilles, laissant la porte de l’Atelier ouverte au cas où un des félins inutiles de cette famille serait disposé à se mettre en chasse.
Le lendemain matin, lorsque je me suis levée, j’ai trouvé toutes les lumières allumées dans le couloir. Monsieur 3xrien s’était réveillé avant moi et prudemment regardait où il mettait les pieds. Notez également que nous marchons toujours pieds nus sous les Tropiques. Je pense que l’expérience traumatique avec Colin lui avait laissé des séquelles et qu’il n’avait pas envie de recommencer avec Sammy.
Depuis, plus aucune trace de Sammy. Nous l’avons cherché, avons tapoté toutes les plinthes, avons frappé dans nos mains, avons tapé des pieds… rien. Silence complet. J’espère simplement qu’il ne s’est pas refugié dans une de mes caisses de tissu et qu’un jour, je le retrouverais lové dans ma soie chinoise. Plusieurs fois sa taille !!!