Cela fait longtemps que je cherche, je cherche, je cherche, une étiquette pour signer mes patchs. Je ne demande pas le monde, je veux juste un petit morceau de coton illustré pour laisser une trace de moi. Histoire d’empêcher mes Nains de se débarrasser de mes œuvres après ma disparition en prétendant ne pas savoir qui les a réalisé.
Et bien non, impossible de trouver quoi que ce soit de joli et peu cher à la fois. Il y a bien les sites australiens qui proposent de très jolies étiquettes mais ça vous dit vous de donner plus de 5 euros, frais de port non compris ? Moi, je trouve cela du vol et je m’en étrangle d’indignation.
J’ai un moment considéré passer un morceau de coton dans mon imprimante pour imprimer mes propres étiquettes. Seulement voilà, je doute que le résultat eut été convaincant et je suis certaine que le tissu serait resté coincé à l’intérieur. Alors conduite, par manque de moyens, à des mesures extrêmes, je les ai dessinées "moi-même" ces étiquettes. Et j’en suis toute fière. Un morceau de coton, un feutre indélébile, une fenêtre et voilà !
Cela m’a pris 2mn pour décalquer un joli dessin trouvé sur Internet. Même pas honte d’avoir copié, z’avait qu’à les vendre moins cher leurs étiquettes !
PS : n’oubliez pas de les repasser pour bien fixer l’encre !
Le bleuet ! Petite fleur fort charmante en soi, mais quand elle devient répétitive, on s’en lasse ! La Tortue m’a bien suggéré l’idée de faire un « copier coller » pour s’éviter un tennis elbow de la frise mais non, mais non, on persévère, on brode d’arrache-pied et on oublie qu’on vient de broder pour la 40eme fois la même petite fleurette de m…. Preuve, j’ai continué sur ma lancée, incapable de m’arrêter.
Je te rassure La Tortue, notre heure de gloire, un jour viendra (peut-être plus tard pour toi vu que tu es déjà à la traîne) et lorsque l’ouvrage sera enfin terminé, tu repenseras avec nostalgie à toutes ces heures penchée sur la toile. Quant à Martine, toi, je te tiens à l’œil car j’ai bien remarqué la dernière fois que tu avais été un peu vite dans le tournant ! C’est pas beau de tricher comme ça.
Fini, je peux enfin respirer. Cela fait 15 jours que je retiens mon souffle, 562 pages en apnée ! Je l’ai emmené partout avec moi ce livre. A en souhaiter qu’il pleuve tous les jours pour me permettre de rester échouée sur mon canapé, à dévorer cet ouvrage page après page.
La traduction française de son titre original « The Help » n’exprime malheureusement pas son véritable contenu et c’est dommage. Je me mets bien sûr à la place du traducteur qui a voulu être original et a pris des libertés avec le texte mais peut être un « Bonnes à tout faire » eu été plus adéquate sans pour autant, il est vrai, exprimer la notion de relations raciales.
Cet ouvrage raconte la vie de 3 femmes, en 1962, au Mississipi. Aibileen et Minny sont noires et travaillent comme bonnes dans des familles blanches. Elles élèvent les enfants, font la cuisine, le ménage, font partie du quotidien des femmes qui les emploient sans pour autant être intégrées. Au contraire ! Sur fond de racisme et de violence, les relations entre les deux communautés sont tendues. On ne se mélange surtout pas et c’est à chacun de respecter ces lois de ségrégation sous peine d’y perdre sa vie. Et puis, un jour, Skeeter, femme blanche qui refuse de se conformer à cet ordre d’esprit, décide d’écrire un livre pour raconter ce que vivent ces femmes au quotidien : les abus, les insultes, les vexations, les humiliations.
Au fil de leurs récits, nous sommes plongés dans leur quotidien. Aux côtés d’Aibileen, dans la cuisine, nous humons les plats qu’elle prépare, nous nous occupons de Baby Girl que sa maman ne regarde jamais, nous serrons les dents en versant le thé, invisible, pendant que Ma’am discute avec ses amies des travaux qu’elle a entrepris dans son garage pour installer un cabinet de toilette rien que pour sa bonne et déclarer en toute impunité qu’une femme de couleur ne peut décemment pas poser son derrière sur un siège réservé aux derrières blancs car il est prouvé que les Noirs sont porteurs de beaucoup plus de maladies que les Blancs. Nous aussi, nous avons envie de hurler et de changer cette société névrosée.
C’est un roman magnifique basé sur des faits réels. Des vies racontées avec un style simple, sans fioriture, un récit haletant, des personnages attachants qui donnent envie de tourner la page encore et encore et de ne jamais finir.
Cette histoire m’a beaucoup poursuivie et en pleine introspection, je me suis demandée si les choses avaient beaucoup changé pendant toutes ces années. J’en suis venue à la conclusion que non, malheureusement. Et je suis certaine que des histoires telles que celles d’Aibileen et de Minny se déroulent encore sur mon île chaude et humide.
SuperNanny vient des Philippines et sa peau a une jolie couleur café au lait qu’elle déteste et que je lui envie ! SuperNanny est venue à nous après une longue série de Nannies qui n’avaient franchement rien de super. La première était jolie, jeune, et plaisait beaucoup à Monsieur 3xrien. Je ne suis, cependant, pas certaine que c’était pour ses talents ménagers ! Elle m’avait un jour coupé le rideau de la douche et raccommodé le trou qu’elle avait fait en l’essuyant. Le rideau était tellement court que toute l’eau passait en-dessous. Elle ne m’avait jamais rien dit pensant que je ne le verrais pas. J’avais également retrouvé, en déménageant, beaucoup de vaisselle cassée qu’elle cachait dans des coins sombres pour éviter d’avoir à m’expliquer la disparition de mon service.
Une autre que j’avais embauchée alors que Grand Nain n’avait que deux mois et à qui j’avais nerveusement confié la garde de mon précieux paquet pour retourner au travail après mon congé maternité, collait le Nain devant la télé et attendait mon retour assise sur un tabouret dans la cuisine. Elle n’est pas restée longtemps non plus. Nous avons tous comme ça des histoires plus ou moins amusantes de nos relations avec ces femmes, mais du moment que cela reste au niveau de l’anecdote, je suis certaine qu’elles aussi doivent bien rire de nos faits et gestes, le soir à la veillée.
Nous employons SuperNanny depuis maintenant 7 ans. Elle a commencé alors que Petit Nain n’était qu’une bosse et lorsqu’elle a décidé d’abandonner son travail à temps plein pour un couple japonais sans enfants, sans repassage (tout était envoyé chez le teinturier), sans repas à préparer et sans poussière, j'avais cru qu'elle avait perdu la tete. Je l’avais bien prévenu que les choses étaient « légèrement » plus actives chez nous. Elle avait immédiatement accepté avec un large sourire. Et à cette époque, bien que soulagée de la voir s’activer pour moi, je m’étais demandé pourquoi. Maintenant, je sais.
SuperNanny, pleine puissance
Les femmes qui travaillent chez nous, qui élèvent nos enfants, repassent nos chemises, font nos courses, préparent nos repas, sont des femmes qui ont tout quitté. Même leurs propres enfants ! Elles fuient la misère et espèrent qu’en venant sur cette île chaude et humide, elles gagneront assez d’argent pour soutenir leur famille. Malheureusement, certains employeurs, bien conscients de leurs situations, prennent des libertés qui sont intolérables. Le contrat d’une « helper » est de 2 ans, renouvelable bien sûr. Au bout de ces 2 ans, cette SuperNanny est autorisée (notez mon choix de vocabulaire) à prendre 7 jours de congés payés. Elle doit travailler 6 jours sur 7, ses horaires journaliers varient en fonction des demandes de l’employeur, mais il n’est pas rare que lorsqu’elles sont logées chez leur patron, elles dorment dans la chambre du bébé et doivent alors faire non seulement les corvées de jour mais aussi celles de nuit.
Il n’est pas rare de lire des cas d’abus à la une des journaux, comme celui de cette pauvre femme à qui sa patronne avait brûlé les mains avec un fer à repasser car elle avait mal repassé les chemises du mari. La dite patronne était avocate ! Mais ces cas ne sont dans la presse que lorsque ces femmes ont le courage de parler. Combien d’autres cas sont encore ignorés ! Le gouvernement est lui-même coupable de ségrégation. Au bout de 7 ans, tous ceux qui ont vécu, travaillé et contribué au développement de cette île chaude et humide ont droit au statut de « résident permanent ». Tous, sauf ces femmes.
Maintenant, je tiens à vous rassurer et à vous dire que je n’ai JAMAIS traité SupperNanny de cette façon. Au contraire ! Elle n’est jamais malade, n’est jamais arrivée en retard, ne m’a jamais menti, volé et je lui fais tellement confiance que je lui confie la garde de mes SuperNains lorsque je voyage. C’est une perle et je tiens à le clamer haut et fort. SuperNanny a un mois de vacances par an (ce qui est nettement plus que Monsieur 3xrien), loge dans une petite maison dont nous payons le loyer, travaille à temps partiel sur un salaire de temps plein et je suis forcée de lui demander de lâcher le chiffon tous les soirs sinon je la retrouverai dans ma chambre au moment du coucher.
SuperNanny ne fait ni les courses, ni la cuisine mais par contre je lui laisse le repassage avec plaisir. Si vous lâchez SuperNanny dans une pièce, c’est une bombe. Tout y passe. Elle vous vide tous les placards, désinfecte, essuie, vaporise… Je n’ai, bien entendu, jamais demandé à SuperNanny de faire ses pauses pipi par-dessus bord mais je peux vous assurer que nombreux sont les appartements ici où il existe un espace placard que l’on appelle de façon hypocrite un « maid’s quarter » qui abrite non seulement un lavabo, une douche, une tinette mais également un lit.
Au bout de 7 ans, nous avons appris à nous connaître, je commence à comprendre son système de rangement (SuperNanny met toutes nos affaires dans des placards : chaussures de Petit Nain dans celui des pommes de terre, carnet de chèques dans mon panier tricot…) et franchement, je redoute le moment où elle prendra sa retraite. Pour le moment, nous sommes heureux de financer les études de ses filles et le remplacement du toit de sa maison.
MERCI SuperNanny !
* Plus le chocolat est foncé, plus il est bon, "Hairspray"
PS : Je tiens à préciser que SuperNanny, bien que ravie je pense de voyager vers la France, n’est en aucun cas disponible. Merci de bien vouloir faire la queue pour remplir le formulaire.
Elle a encore frappé, l’insolente. Elle m’a prise par surprise, dimanche, au petit-déjeuner et depuis j’ai du mal à m’en remettre.
Figurez-vous qu’il y a, à New York, une petite dame de 80 ans qui collectionne les quilts rouges et blancs. Pour son anniversaire, elle a demandé quelque chose qu’on n’avait jamais vu et un cadeau pour la ville de New York. Et c’est ainsi qu’a vu le jour l’exposition « Infinite Variety : Three centuries of red and white quilts ». Allez voir ICI, sur le site de Côté Passions, les photos d’une exposition pas commune.
J’en suis restée bouche bée, mon café est devenu froid, le beurre de ma tartine a fondu et pendant 8 minutes, j’en ai pris plein la vue. J’en ai eu la chair de poule de penser au travail fourni par toutes ces femmes et j’ai regretté amèrement que la machine à remonter le temps n’ait été inventé pour aller piquer l’aiguille avec l’une d’elles.
Le seul et unique quilt rouge et blanc que j’ai jamais réalisé est celui-ci, et je trouve qu’il est bien simplet comparé à ceux de l’exposition. Mais peut-être que les Nains de l’époque n’étaient pas autorisés à se rouler dedans. Les miens sont faits « Nainproof » pour résister aux assauts.
Maintenant je me raccroche à l’espoir que cette exposition vienne faire un tour chez moi où à proximité.
Mais où va le monde ? Je viens de découvrir le phénomène de ces poupées reborn qui font un tabac aux Etats-Unis et qui touche plus particulièrement les femmes d’âge mûr. J’avoue que tout en admirant la qualité du travail réalisé sur ces poupées de collection, je me demande également si ce n’est pas aller un peu trop loin.
L’article qui m’a fait découvrir ces poupons reborns parlait de l’effet thérapeutique de ces reproductions de nouveaux-nés. Utilisés pour pallier un manque affectif, accomplir un travail de deuil à la suite du décès d’un bébé ou tout simplement servir de substitut à des parents dans l’incapacité d’avoir une progéniture, et ainsi exprimer certains sentiments refoulés, pourquoi pas. Mais que faut-il penser de ces Américaines qui s’arrachent ces bébés reborn et qui se prennent au jeu, les promènent en poussette, les attachent dans un siège auto à l’arrière de la voiture, les cajolent… là, je suis perplexe. N’est-ce pas là un jeu dangereux qui pourrait rapidement tourner à la psychose ?
C’est vrai qu’ils ont tous une bouille trognon. Ils ressemblent à si méprendre à de vrais bébés. Mais iriez-vous jusqu’à envoyer une photo de votre nouveau-né disparu pour le faire reproduire ? N’est-ce pas un peu comme empailler la dépouille de son rejeton ?
J’ai parcouru les commentaires sur le blog de P’tites Crevettes et j’ai été surprise d’y lire des messages laissés par des petites filles de 10-12 ans. Plus d’une expriment leur souhait d’acquérir un poupon mais se plaignent aussi du prix exagéré de l’article : « Maman refuse de me la payer » ! Tu m'étonnes, tiens ! Certes totalement justifié puisque les poupées sont faites à la main, les cheveux implantés un par un avec une aiguille ultra fine (dans ce cas, si je devais demander la reproduction d’un de mes Nains, ce serait sûrement Petit Nain qui était chauve à la naissance), lestées, rembourrées pour adopter les mêmes poses que les vrais, mais franchement, un peu cher pour un jouet qui sera probablement abandonné quelques mois plus tard.
Je conviens que si le bébé reborn remplit parfaitement sa mission en allant très loin dans le réalisme, et ce en tant que poupée de collection, il me donne également un peu froid dans le dos. Je lui trouve un côté macabre, lugubre.
Maintenant, si vous aimez ces poupons comme objet de collection, pourquoi pas. D’ailleurs une des consignes d’entretien est de les placer sous vitrine pour éviter l’accumulation de poussière. Là, c’est une idée géniale, si seulement on pouvait faire la même chose avec un vrai ! J’en aurai passé des nuits plus tranquilles !
Avant de vous quitter, je vous invite à regarder cette vidéo des oeuvres de Ron Mueck, sculpteur australien. Dites-moi ce que vous en pensez.
Non c’est la boîte de Martine. Et il fallait absolument que je vous la montre. Et là Martine a dû perdre la tête ! Elle m’avait écrit « Fille Aînée, je t’envoie un petit quelque chose que j’ai réalisé pendant mon cours de cartonnage. Je débute ». Et bien moi, j’aimerais bien être une débutante comme Martine ! C’est tout simplement superbe et tout plein de surprises.
J’étais partie faire une marche dans la montagne avec Grande Copine et en rentrant, nous sommes passées à la poste récupérer mon colis. Déjà la forme du paquet était impeccable ! Beaucoup de scotch mais superbement emballé. On sentait là l’inquiétude. Ce paquet va t-il tenir le voyage ? Je te rassure Martine, tu es une pro de l’emballage postal.
Nous sommes ensuite allées déjeuner (surtout ne dites pas à Monsieur 3xrien que je brunche après le sport. Il croit que je suis une super sportive de compétition). Sitôt commandé, j’ai ouvert mon colis, déchiré le scotch et à l’intérieur j’y ai trouvé, entre autres, cette superbe boîte à couture. Attention, regardez-la :
Car au premier coup d’œil, c’est juste une petite boîte superbement réalisée mais attention quand on ouvre le couvercle…. TADAM…
Grande Copine en avait la langue sur la table. Et moi comme une petite fille dans un magasin de jouets, je fouillais dans toutes les pochettes. Mais ce qui me plait le plus dans cette boîte, c’est le petit couvercle intérieur. Un bijou.
Martine, ton cadeau m’a fait extrêmement plaisir et me touche énormément. Je ne peux que t’encourager dans la poursuite de tes cours de cartonnage. MERCI beaucoup.
J’ai bien vu passer sur de nombreux blogs des initiatives à l’égard du Japon mais cette fois-ci, la catastrophe étant si près de chez nous, j’ai préféré apporter ma petite pierre à l’édifice de façon plus locale.
Et puis, il y a des choses qui m'agacent terriblement en ce moment comme les mesquins qui disent « le Japon est riche, pas la peine de donner ». Non ! Ce n’est pas une question de richesse mais simplement une question humanitaire. Croyez-vous que le fermier qui cultivait ses champs en bordure de mer ou le pêcheur qui a tout perdu, y compris son bateau, recevront prochainement de l’argent du gouvernement ? Cet argent japonais va servir tout d’abord à reconstruire l’économie, les usines, les petits seront servis plus tard. Moi je dis, que ce soit Haïti, le Japon ou un autre pays en difficulté, en fin de compte il s’agit de gens qui comme vous et moi sont, un matin, partis travailler, ont embrassé leurs enfants et soudain leur vie a changé. Et nous, confortablement installés dans notre petit confort bourgeois nous avons la responsabilité morale de leur apporter un petit peu de soutien moral ! Voilà, je m’énerve !
L’école des Nains, après avoir longuement consulté la communauté nipponne de notre île chaude et humide, a décidé de mettre en place des boîtes à dons. En échange de leurs enveloppes, les enfants, reçoivent un cygne origami confectionné par les mamans japonaises. Et demain, une grande vente de cupcakes aura lieu à l’heure de la récréation.
Trois mamans par classe (je participe à celle de Grand Nain) confectionnent chacune 12 cupcakes. Voilà les miens :
Je les ai fait extra moelleux, extra goûteux, extra gourmands d'après une recette de Nina. Je vous invite à aller voir son site ICI. C’est aussi bon à regarder qu’à goûter !
J'avais initialement choisi la recette des cupcakes au chocolat mais horreur, malheur, en pleine préparation, je me suis souvenue que nous n'avions pas le droit d'y mettre des amandes pour cause d'allergie. Tant pis, j'ai cuit les miens, puis j'ai recommencé une fournée nature. Mes Nains sont ravis.
Vous trouverez les recettes des cupcakes ICI. Grand Nain m’a demandé pourquoi j’avais fait couleur mayonnaise ketchup. Le culot du Nain ! Non, ce sont les couleurs du drapeau Japonais. Bon d’accord, le mélange sucre beurre donne une petite teinte jaunâtre au glaçage mais qui s’en inquiétera ?
La somme ainsi récoltée par l’école sera doublée par la direction administrative de notre île chaude et humide. Alors, dans ce cas, pas de régime qui compte, on s’en met plein la bouche !
Ma bête noire en matière de patch, c'est la phase finale, la superposition des couches. Quand j'ai enfin terminé l’ouvrage et qu’il faut mettre en sandwich le molleton. Comme je n’ai pas beaucoup de place, j’embauche 3 Nains (c’est pour cela que j’en ai fait trois. Il fallait bien qu’ils servent à quelque chose non ?) que je poste a chaque coin de mon patch et au signal de départ, on tire (en espérant que les coutures soient solides). On pose par terre et vite, on colle la doublure du patch au ruban adhésif. Ensuite on pose le molleton et on recommence avec le patch. Enfin, on termine en épinglant les trois épaisseurs, en rayant le sol en teck en dessous. Vous comprendrez donc que les finitions ne m’ont jamais beaucoup tentées. Et bien c’est à présent une époque révolue.
J'ai une amie qui a inventé un cadre pour tendre les patchs. Cadre est un bien grand mot, je dirais plus 4 planches en bois qu’elle a percé de trous et que l’on superpose et règle aux dimensions de l’ouvrage.
Ensuite on punaise (sans faire de trous) les trois couches, on bâtit en diagonale, dans le sens de la longueur et de la largeur et c’est fini ! Reste plus qu’à matelasser et là c’est un vrai plaisir. Plus de rides au dos de l’ouvrage, mes petits points suivent « un long fleuve tranquille ». Je retrouve le plaisir des doigts piqués (j’ai horreur de porter un dé) sanguinolents et assise sur ma petite chaise près de la fenêtre, on entend plus un bruit de ma part. Ce que le bonheur peut être simple !
Boule de Poil adore lécher les jambes surtout celles sur lesquelles est étalé de la crème. Elle a une préférence pour le baume corps super hydratant au beurre de karité de chez Clarins. Moi aussi d’ailleurs mais pas pour les mêmes raisons ! Mais BdP a la langue tellement râpeuse qu’elle vous fait une exfoliation par la même occasion.
Et puis BdP adore bronzer mais pas seule. Alors comme le temps est superbe en ce moment et qu’il commence à faire chaud, je vais souvent tricoter sur le pont supérieur pour tenir compagnie à BdP. Seulement voilà, BdP est un peu envahissante. Après mon exfoliation des gambettes, elle se met en général à mâchouiller ma laine, à jouer avec la pelote, à s’avachir sur moi (comment voulez-vous tricoter dans ces conditions),
et pour finir s’allonge de tout son long sur mes explications de tricot.
Malgré toutes ces manigances pour me faire échouer dans mon entreprise, j’ai quand même réussi à finir mon croquemort. Pour l’étape de l’étirage, je me suis servie d’un tapis de sol de Grand Nain pour épingler mes pointes et j’ai vaporisé la laine. J’ai ensuite laissé sécher mon châle au soleil, sous l’œil vigilant de BdP qui n’en perdait pas une miette. Mais comme la laine était mouillée, BdP est allée s’asseoir ailleurs sinon je sens que son auguste derrière aurait atterri en plein milieu !
Le voici en situation. Même si Grand Nain tire dessus comme une bête pour l’agrandir, je regrette qu’il ne soit pas un peu plus grand.
Je n’ai jamais eu beaucoup de problèmes avec mes dents et à part un appareil dentaire quand j’étais jeune, je pense m’en être quand même bien sortie. Cet appareil dentaire m’a d’ailleurs suffi. Pendant 6 ans, j’ai tout eu : le faux palais, les agrafes, le casque à porter pendant la nuit et même quelques fois en classe (ce qui faisait beaucoup rire mes petits camarades), les élastiques pour rapprocher les molaires, l’enlèvement des 4 dents de sagesse par un boucher dentiste pendant les vacances d’été, bref, lorsque j’ai été enfin libre de tout métal, je me suis jurée qu’on ne m’y reprendrait plus. Et mes visites chez le dentiste ont été, jusqu'à présent, rares.
Seulement voilà, ces derniers temps le mauvais sort s’acharne sur moi et tout a commencé, si vous vous souvenez bien, l’année dernière lorsque j’ai perdu un morceau de ma molaire en croquant dans une figue. Mon dentiste m’avait alors annoncé avec un petit sourire sadique que j’étais à deux doigts de la dévitalisation et que ce n’était qu’une question de temps. Je m’étais retenue de le mordre…
Il faut dire que non seulement je redoute la douleur physique mais, ici sur notre île chaude et humide, les assurances médicales ne prennent pas en charge les soins dentaires. Ca fait donc également très mal au porte-monnaie à moins que votre employeur ne soit extrêmement généreux et compatissant et ne vous offre le remboursement. Monsieur 3xrien travaille pour un RAT ! J’avais donc opté pour l’option « fais-moi le moins mal possible et on verra plus tard ». Le plus tard est arrivé il y a 15 jours, un week-end ! Vous noterez d’ailleurs ce fait important, j’ai toujours mal quand le cabinet médical/dentaire est fermé.
Je me suis donc mise à la recherche de mon futur héros, de celui qui allait d’un coup de baguette magique se pencher sur cette grosse molaire qui tout au fond se laissait aller. Je le voulais beau, grand, riche, pas cher, avec des mains délicates et surtout je voulais qu’il me parle ! Vous n’avez pas horreur, vous, de ces médecins ou dentistes qui vous examinent en poussant des ohs et des ahs, soupirent avec tant de conviction que vous vous demandez si votre dernière heure n’est pas enfin venue et s’il n’est pas temps de prendre la fuite ? Moi si ! Je tiens à ce que l’on me dise ce qui se passe, que l’on m’explique ce que l’on va me faire et à quelle sauce je vais être mangée et surtout si je vais figurer dans la liste des sujets de conversation au dîner.
Bref, les frais de consultation pouvant aller du simple au quadruple en fonction de l’endroit où se situe le cabinet, des diplômes du dentiste ou encore du sourire de la réceptionniste, j’y suis donc allée au feeling et surtout à l’accroche publicitaire. Ce cabinet-là se vantait d’utiliser un laser pour soulager la douleur et accélérer les soins. Il ne m’en fallait pas plus. Je me suis donc retrouvée dans une salle d’attente taille placard, scrutant une liste de prix intitulée « MENU ». Je ne suis pas certaine que cela m’ait mise en appétit ! Mais j’avais dans mon sac à main mon talisman : un joli dessin que m’avait fait Petit Nain la veille pour me donner du courage. Et croyez-moi, je l’ai regardé plusieurs fois ce joli dessin !
Et bien, c’était un homme charmant, jeune, propre sur lui et croyez-moi, lorsqu’il s’agit de rester plus d’une heure à le regarder dans les yeux alors qu’il a la moitié de sa main dans ma bouche, ça aide ! D’ailleurs, il s’était méfié et m’avait bloqué la mâchoire pour éviter de bien désagréables surprises !
Bref, après avoir scruté, derrière mes lunettes noires, la grille de la climature au plafond (il faudra d’ailleurs que je suggère l’installation d’un écran TV pour mes prochaines visites sans pour autant entraîner une augmentation des prix de son menu) pendant plus d’une heure, après avoir laissé l’empreinte de mes doigts dans les accoudoirs de son fauteuil et transpiré toute l’eau de mon corps sans même avoir bougé un muscle, je suis sortie libérée, dénervée et heureuse !
Il faut bien sûr que j’y retourne la semaine prochaine mais ce sera, je l’admets sans appréhension aucune. Je n’irai quand même pas jusqu’à dire avec plaisir. N’exagérons pas !
Et quoi de plus décadent pour célébrer cette délivrance qu’un petit Frozen Yoghurt. Nous avons déniché dans une petite rue un nouveau concept. Vous choisissez votre parfum de glace et vous vous servez seul. On vous fait confiance et vous pouvez même goûter avant de franchir le grand pas ! Ensuite, vous rajoutez votre garniture (chocolat, bonbons…), votre sauce, et vous allez peser le tout à la caisse.
Voilà Madame, ça fera 600 calories sur les hanches et 2 caries de plus !