Voilà quelques années, nous avons eu l’idée fantastique d’installer Internet dans notre ruine Provençale. D’une parce que les Nains n’auraient jamais supporté d’être coupés du monde civilisé pendant 6 semaines et de deux, c’était plus facile pour passer mes commandes chez Celui que l’on Redoute (et pour travailler aussi accessoirement). Et c’est à partir de ce jour que ma vie a changé. J’ai rencontré Orange et Glandu : Glorange !
Orange, dans ma vie, c’est un peu comme un p’tit merdeux dans une cour d’école qui vous observe et dès que vous avez le dos tourné, vous fait une crasse. Ce morveux, et maintenant j’en suis convaincue, tombe en panne dès qu’il sent que vous en avez besoin. Il ne se passe pas 2 jours sans que nous soyons obligés de redémarrer cette s@l.p.rie de Livebox. Avant c’était la panique totale dès que le petit voyant se mettait à clignoter rouge. Maintenant, nous prenons ça avec beaucoup de philosophie.
Nos relations conflictuelles avec Orange font que même si nous ne nous servons de l’Internet que 6 semaines dans l’année, nous n’osons sous aucun prétexte interrompre notre abonnement et payons un prix exorbitant l’immense plaisir de voir clignoter le petit voyant vert en arrivant dans nos pénates l’été. Car sachez qu’une année maudite, nous avions osé lui faire des infidélités et il nous a pris 3 semaines pour revenir dans le giron orangien. Une expérience qui rend terriblement humble.
Par contre, je ne peux achever cet article sans vous parler de Glandu. Car après une ultime visite la semaine dernière à l’agence Orange du coin, je crois que ma vie a pris une dimension tout autre.
Je me permets de donner un petit nom d’oiseau somme toute assez tendre à cet homme qui tous les jours vient travailler pour rembourser le prêt de sa cuisine équipée et qui courageusement accueille des gens qui ont bloqué leurs claviers car le chat s’est couché dessus, ou se lamentent qu’ils n’ont plus ni Internet, ni téléphone, ni télévision (un crime !) depuis deux semaines car Orange les a trahi. Et Glandu, j’en suis témoin, n’en perd pas pour autant le sourire. D’ailleurs je doute qu’un jour il ait eu le sourire. Car voyez-vous, toute joie de vivre semble l’avoir déserté. Glandu est accablé par le poids des soucis des autres.
Mais commençons par le commencement. J’arrive devant l’agence Orange un jeudi matin, jour de marché. Grave erreur ma fille. Tout le monde a profité du marché pour aller débloquer son téléphone portable. Sauf que moi, je fais sagement la queue derrière 4 personnes et un immense doberman pour rendre ma Livebox (LB pour plus de facilité). Evidemment, je fais tache car je ne l’ai même pas sortie de son carton d’expédition qui fait 3 fois la taille normale. Et comme je traîne déjà mon chariot de courses, ce sont mes Nains qui ont fait tout le marché avec moi en portant à deux cette énorme boîte ! « Non, Maman », me disent-ils, « ce n’est pas encombrant », en fauchant le stand d’olives au passage. Le marché tout entier est content de me voir enfin chez Orange.
Glandu est au comptoir avec sa collègue. Il observe ma boîte d’un œil dubitatif. Visiblement, il pense déjà qu’à l’intérieur de moi-même je suis complètement blonde de trimbaler un truc pareil. Enfin, vient mon tour (après 20 mn d’attente je me sens terriblement langoureuse !) et Glandu ouvre d’un geste assuré ma boîte en me lançant d’un ton narquois « Madame, c’est votre bon de retour, pourquoi n’avez-vous pas posté votre LB ? ». Glandu fait la moue. Il a marqué un point, uppercut, je crache le sang ! Ben dis-donc Glandu, pourquoi irais-je un jour de marché faire la queue à la Poste (pas folle la guêpe, c’est pire que dans ton agence) qui se trouve une rue plus loin pour te poster ma LB alors que je suis là, moi devant toi ? Glandu KO !
Glandu scanne mon code-barres. Il manie le laser comme un pro puis s’avachit sur son siège à roulettes. Et tous les deux, on attend. Glandu, avare de ses mots, ne me dit rien et me laisse sans voix, dans le grand questionnement du « mais j’attends quoi ? ». Et là, je comprends, Glandu, vautré, attend que son imprimante lui crache un bout de papier qu’il me demande de signer sans me laisser le temps d’en lire le contenu. Freine tes chevaux Glandu, on ne me la fait pas celle-là. Il piaffe, s’impatiente, me presse de signer en m’expliquant comme si j’avais 5 ans que je viens de lui rendre ma LB. Ben ça je sais, puisque c’est moi qui l’ai apportée !
Pour défroisser son amour-propre, Glandu me fait remarquer que j’habite une maison secondaire. J’en reste pétrie d’admiration devant sa perspicacité sans borne. Et immédiatement, de me demander où se trouve ma résidence principale. Et là, j’ai un grand élan de pitié à l’égard de Glandu que doit peut-être encore se demander où se trouve le département de la Malaisie en France ! A moins que Glandu ne demande à ses collègues banquiers. Glandu, la Malaisie c’est en Birmanie !