Ainsi s’achève cette première semaine canine. J’ai bien cru y laisser ma peau ! Je n’ai jamais passé autant de temps dans le jardin, ni nettoyé autant de tapis. Mais forte de ma toute nouvelle expérience, je tiens à partager avec vous quelques réflexions intelligentes. Et j’ai, depuis, roulé tous les tapis en attendant que la bête à pattes contrôle sa vessie. Moi aussi j’apprends vite !
La semaine dernière, le concept canin relevait plus du fantasme que de la réalité. Le canin, c’est l’ami de l’Homme. C’est l’amour inconditionnel. C’est celui qui vous fait la fête alors que les Nains vous jettent juste un œil glauque en rentrant de l’école et vous demandent quand sera prêt le diner. Le canin, c’est celui qui vous force à vous bouger le popotin quand vous sentez la cellulite faire la java sur vos hanches. Le canin, c’est un réducteur de stress ; qu’ils disent dans les bouquins. J’ai peut-être mal commencé ma semaine sur ce sujet là. Je n’ai jamais été aussi agitée. Je me pose des questions existentielles qui restent sans réponse, j’interroge le canin sur ses besoins primaires et rien ne vient ! Le vide ! Le trou noir absolu ! Je suis seule avec moi-même.
La question vitale que je me pose tout au long de la journée est « que suis-je supposée faire » ? Mon canin s’ennuie t-il, si, comme à mon habitude, je reste enfermée dans l’Atelier pour finir mes commandes ? J’ai bien posé la question au canin mais la réponse a tardé à venir. Il semble, cependant, que le canin est simplement content d’être avec moi et s’endort régulièrement sous la table à repasser après avoir lapidé un vieux pot de yaourt en plastique. Et tellement content que je le regarde dormir amoureusement, il ronfle !! Le Nirvana en 2 secondes chrono.
Ma deuxième question est « mon canin a t-il besoin d’une stimulation intellectuelle poussée, genre finis-moi ce sodoku avant la fin de la journée ! ». Là, j’attends toujours l’illumination céleste car le canin a déchiqueté le sodoku en question. Pas facile mais on y arrivera.
En fait, je pense que l’arrivée du canin dans nos vies ressemble étrangement à celle de Grand Nain, il y a bientôt 18 ans. On s’habitue à une vie sans question, réglée par les heures de bureau et les sorties au pub le vendredi soir, les soirées avec les copains, et d’un seul coup d’un seul, une chose braillarde débarque, nous empêche de regarder tranquillement le feuilleton du dimanche soir et on en prend pour 20 ans (ou plus pour les malchanceux). Et le pire est que 2 ans plus tard, on repique au truc ! Et plus rien ne nous arrête. Si ce n’est les répercussions financières de ce genre d’exercice. Monsieur 3xrien a donc mis un stop après la troisième tentative car il se voyait mal continuer sur sa lancée !
Il y a donc, en nous, pauvres humains que nous sommes, un besoin vicieux de se faire du mal. Mais, en fin de compte, une fois habitué au bruit, aux jouets qui traînent dans le salon et à la forte odeur de couche moisie, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et je constate que c’est la même chose pour le canin. Qu’est-ce qui m’a pris de vouloir compliquer ma vie déjà si fournie avec un truc qui pleure quand on ferme la porte, qui mâchouille toutes les feuilles mortes du jardin et laisse traîner les morceaux sur le tapis et qui sent la bête à 10 lieux ? Pourquoi ???
Alors, dans un léger moment de déprime, je me suis mise à relativiser. Il est plus facile de nettoyer le dépôt canin odorant des tapis que d’éponger les fuites. J’ai donc de la chance qu’au bout de quelques jours, le canin a compris le concept du pipi au jardin. Berné le canin ! Depuis, il va religieusement sur la pelouse arroser les coccinelles et nourrir les frangipaniers. Et ce matin, n’en pouvant plus de croiser les jambes alors que Moyen Nain, Dame pipi en charge, était elle-même en train d’arroser les coccinelles (pas dans le jardin, je vous rassure), le canin a pris la décision d’utiliser la douche. Je constate là les effets positifs du sodoku. Le canin se sert de sa cervelle. Alors de quoi je me plains ?
Au bout d’une semaine, le canin a appris à se retenir la nuit, à jouer tout seul quand je suis occupée, à ne plus pleurer dès qu’il me voit disparaître d’une pièce, n'aboie pas sauvagement et a finalement compris que le félin qui dort toute la journée sur la cave à vin n’a absolument pas envie de jouer avec lui. L’apprentissage du sodoku ne l’a absolument pas aidé à ce niveau là, un bon coup de griffe sur le museau a eu beaucoup plus d’impact ! Par contre, échec total au niveau du système d'alarme ; le canin aime tout le monde et le fait savoir. Nous sommes tous une grande famille en ce qui le concerne.
Il y a quelques jours, j’ai interrogé les copines sur le TO DO et NOT TO DO de l’éducation canine et chacune a eu un avis différent. Ma voisine, dont les roquets aboient dès qu’ils voient passer un écureuil, une amie dont le bouledogue dort dans son lit avec son mari quand elle part en week-end avec une copine ( !), bref, c’est comme avec les Nains, tout le monde a un avis mais en fin de compte, c’est à chacun d’élever son canin/Nain comme il le sent. Je pense avoir déjà fait du bon boulot au niveau du mien et avec encore un peu d’énergie, on risque de se retrouver avec le Einstein de la race mixte. Je vais laisser traîner quelques sodoku…