SuperNanny 4 : la désinfection
Pour excuser mon absence interneteuse, je pourrais invoquer de grands voyages, une charge de travail exagérée, un kidnapping, mais rien de tout cela. Je fais le ménage, c’est tout ! J’ai viré SuperNanny 4 et depuis c’est moi qui passe l’aspirateur. Super fière Fille Aînée mais je sais que ca vous fait rire. Il n’y a, certes, rien d’extraordinaire à cela sauf qu’il faut savoir que chez moi, il faut 4 heures pour couvrir la surface. Et que même encore, je découvre des coins que je ne connaissais pas. La découverte touristique de ma bicoque me comble d’aise ! Que celles qui ne me croient pas demandent à Moutie !
Avoir recours aux services d’une SuperNanny en Asie n’est pas un luxe mais une nécessité économique. Une création d’emploi en quelque sorte qui permet à ces SuperNannies de faire vivre et d’envoyer à l’école une myriade de frères et de sœurs restés au pays et qui sans le salaire envoyé tous les mois se retrouveraient à la rue. Les salaires ne sont pas élevés et les conditions de travail peuvent être très dures mais c’est quand même mieux que d’être sans emploi. Tiens, un concept qui devrait peut-être être cultivé dans notre douce France !
SuperNanny 4 est arrivée chez nous après SuperNanny 2 (qui prévoyait le dimanche d’être malade le lundi), SuperNanny 2bis (qui souriait si peu qu’elle vous donnait envie de vous pendre. Elle n’est restée qu’une semaine) et de SuperNanny 3 (qui se mettait à pleurer à la moindre remarque). Je ne lui ai jamais fait passer d’entretien car elle m’est tombée dessus un peu comme Mary Poppins pour remplacer la nièce de la tante de la copine de sa sœur qui, elle, n’est jamais venue travailler (vous suivez ?). Sur le coup, SuperNanny 4, c’était le messie.
Après la période habituelle des trois premiers mois, que nous appelons ici le « je t’impressionne », SuperNanny a commencé à montrer ses vraies couleurs. Là, c’est la période de la pente savonneuse qui dure plus ou moins longtemps en fonction de votre aptitude à détecter les conneries ou du temps que vous passez à la maison en leur présence. Comme je suis en général enfermée dans mon Atelier, je dois vous avouer que j’ai mis longtemps à m’apercevoir des petites coquineries de SuperNanny 4.
Pour commencer, il y a eu le grand mystère de l’évaporation du Fragonard. J’ai pour habitude de vaporiser une goutte de parfum d’orange sur mon oreiller le soir. Mais le niveau de liquide dans la bouteille baissait mystérieusement. Poreuse la bouteille me suis-je dit ! Jusqu’au jour, où croisant SuperNanny 4 dans le couloir, j’ai compris. Sympa le Fragonard en effet. Je lui ai donc offert sa propre bouteille pour sauver la mienne.
Je suis très à cheval sur l’hygiène. Même maniaque limite débile. Et quand je me suis aperçue que SuperNanny 4 quittait toujours très rapidement les toilettes et ne passait jamais par la case lavabo, ca a commencé à me turlupiner. J’ai bien sûr fait de très grosses allusions sur le fait que j’avais laissé à son intention du savon qui sentait l’amande et le lait d’ânesse mais en vain. SuperNanny 4 préférait garder des mains calleuses. Et moi, à partir de ce moment là, j’ai préféré désinfecter mes interrupteurs et poignées de porte après son passage.
Vous tenez le coup ? Parce que je me demande si je vais oser aborder la question des éponges. Vous savez celles que vous utilisez pour nettoyer la cuvette des toilettes et que vous n’êtes pas censées employer pour laver les surfaces de la cuisine ? Peut-être que oui finalement. Lorsque j’ai fait la remarque à SuperNanny 4 que nous avions les moyens de nous offrir des éponges différentes, elle m’a rétorqué qu’elle rinçait toujours religieusement (nous ne sommes visiblement pas de la même paroisse) entre chaque application. J’ai tout jeté, remplacé et je suis même allée jusqu'à écrire au feutre, sur chaque éponge, leur destination respective. Et puis j’ai tout désinfecté après son départ !
S’est posée la question de la litière des félins. Comme le félin ne tire jamais la chasse et en met partout, il faut régulièrement nettoyer et changer le sable. Chose que SuperNanny n’a jamais compris. Parce qu’évidement, ca rejoint le concept du « après ton petit pipi, tes mains tu ne te laveras pas ». Je l’ai surprise récemment à passer l’éponge sur les bords de la litière. Eponge qu’elle avait auparavant utilisée pour désinfecter la poubelle. Sauf que cette éponge, c’était celle dont on se servait pour laver les assiettes. J’ai tout jeté et tout désinfecté après son départ.
Le jour le plus beau est quand même celui où SuperNanny 4 m’a coupé le souffle. M’étonnant que mon tapis en fibre de bambou (il ne vient pas du Suédois celui-là !) était mouillé sous les pieds, SuperNanny 4, super fière d’elle, m’a expliqué qu’elle passait tous mes tapis à la serpillère. J’ai vu ma vie passer devant moi dis donc !
Vous allez me dire, pourquoi l’as-tu gardée si longtemps alors qu’elle était si peu capable ? Je dois vous avouer que je n’ai jamais beaucoup fait attention et que je n’ai jamais suivi SuperNanny 4 à la trace pendant ses pérégrinations ménagères. Mais ce qui a déclenché le processus de la pente savonneuse a été le mois de juillet dernier quand elle nous a réclamé son salaire et nous a accusé de l’avoir sous-payée alors que nous lui avions déjà versé l’intégralité du mois le 15 de celui-ci. Et puis le mois d’août. Mois pendant lequel elle a travaillé à temps partiel alors que nous l’avions payée à temps plein. Ces petits détails agacent, voyez-vous. Et puis ses petites sautes d’humeur quand je lui faisais un commentaire sur la qualité de son service. SuperNanny 4 a beaucoup cultivé le concept du « je te fais la gueule si tu me fais une réflexion ». Ca, ça agace aussi, beaucoup !
Me voici donc depuis quelques jours à la tête de mon aspirateur et de mes éponges codées. Je ne me suis pas encore mise en quête de SuperNanny 5 mais le moment viendra sans doute où le plaisir d’attraper une suée en passant le balai n’en sera plus un. Entre temps, je brûle des calories, les Nains font leurs lits (ou pas, on s’en fout) et les félins se lavent les pattes au lait d’ânesse dans la pelouse. Et moi, je dors sur mes deux oreilles sachant qu’on attrapera pas le typhus. D'ailleurs à ce sujet, je vous recommande la lecture d'un livre que j'ai lu il y a, au moins, 20 ans.
Il est excellent et j'aurais d'ailleurs du en laisser une copie à côté du Fragonard !