Le dentiste, mon meilleur ami ?
Je n’ai jamais eu beaucoup de problèmes avec mes dents et à part un appareil dentaire quand j’étais jeune, je pense m’en être quand même bien sortie. Cet appareil dentaire m’a d’ailleurs suffi. Pendant 6 ans, j’ai tout eu : le faux palais, les agrafes, le casque à porter pendant la nuit et même quelques fois en classe (ce qui faisait beaucoup rire mes petits camarades), les élastiques pour rapprocher les molaires, l’enlèvement des 4 dents de sagesse par un boucher dentiste pendant les vacances d’été, bref, lorsque j’ai été enfin libre de tout métal, je me suis jurée qu’on ne m’y reprendrait plus. Et mes visites chez le dentiste ont été, jusqu'à présent, rares.
Seulement voilà, ces derniers temps le mauvais sort s’acharne sur moi et tout a commencé, si vous vous souvenez bien, l’année dernière lorsque j’ai perdu un morceau de ma molaire en croquant dans une figue. Mon dentiste m’avait alors annoncé avec un petit sourire sadique que j’étais à deux doigts de la dévitalisation et que ce n’était qu’une question de temps. Je m’étais retenue de le mordre…
Il faut dire que non seulement je redoute la douleur physique mais, ici sur notre île chaude et humide, les assurances médicales ne prennent pas en charge les soins dentaires. Ca fait donc également très mal au porte-monnaie à moins que votre employeur ne soit extrêmement généreux et compatissant et ne vous offre le remboursement. Monsieur 3xrien travaille pour un RAT ! J’avais donc opté pour l’option « fais-moi le moins mal possible et on verra plus tard ». Le plus tard est arrivé il y a 15 jours, un week-end ! Vous noterez d’ailleurs ce fait important, j’ai toujours mal quand le cabinet médical/dentaire est fermé.
Je me suis donc mise à la recherche de mon futur héros, de celui qui allait d’un coup de baguette magique se pencher sur cette grosse molaire qui tout au fond se laissait aller. Je le voulais beau, grand, riche, pas cher, avec des mains délicates et surtout je voulais qu’il me parle ! Vous n’avez pas horreur, vous, de ces médecins ou dentistes qui vous examinent en poussant des ohs et des ahs, soupirent avec tant de conviction que vous vous demandez si votre dernière heure n’est pas enfin venue et s’il n’est pas temps de prendre la fuite ? Moi si ! Je tiens à ce que l’on me dise ce qui se passe, que l’on m’explique ce que l’on va me faire et à quelle sauce je vais être mangée et surtout si je vais figurer dans la liste des sujets de conversation au dîner.
Bref, les frais de consultation pouvant aller du simple au quadruple en fonction de l’endroit où se situe le cabinet, des diplômes du dentiste ou encore du sourire de la réceptionniste, j’y suis donc allée au feeling et surtout à l’accroche publicitaire. Ce cabinet-là se vantait d’utiliser un laser pour soulager la douleur et accélérer les soins. Il ne m’en fallait pas plus. Je me suis donc retrouvée dans une salle d’attente taille placard, scrutant une liste de prix intitulée « MENU ». Je ne suis pas certaine que cela m’ait mise en appétit ! Mais j’avais dans mon sac à main mon talisman : un joli dessin que m’avait fait Petit Nain la veille pour me donner du courage. Et croyez-moi, je l’ai regardé plusieurs fois ce joli dessin !
Et bien, c’était un homme charmant, jeune, propre sur lui et croyez-moi, lorsqu’il s’agit de rester plus d’une heure à le regarder dans les yeux alors qu’il a la moitié de sa main dans ma bouche, ça aide ! D’ailleurs, il s’était méfié et m’avait bloqué la mâchoire pour éviter de bien désagréables surprises !
Bref, après avoir scruté, derrière mes lunettes noires, la grille de la climature au plafond (il faudra d’ailleurs que je suggère l’installation d’un écran TV pour mes prochaines visites sans pour autant entraîner une augmentation des prix de son menu) pendant plus d’une heure, après avoir laissé l’empreinte de mes doigts dans les accoudoirs de son fauteuil et transpiré toute l’eau de mon corps sans même avoir bougé un muscle, je suis sortie libérée, dénervée et heureuse !
Il faut bien sûr que j’y retourne la semaine prochaine mais ce sera, je l’admets sans appréhension aucune. Je n’irai quand même pas jusqu’à dire avec plaisir. N’exagérons pas !
Et quoi de plus décadent pour célébrer cette délivrance qu’un petit Frozen Yoghurt. Nous avons déniché dans une petite rue un nouveau concept. Vous choisissez votre parfum de glace et vous vous servez seul. On vous fait confiance et vous pouvez même goûter avant de franchir le grand pas ! Ensuite, vous rajoutez votre garniture (chocolat, bonbons…), votre sauce, et vous allez peser le tout à la caisse.
Voilà Madame, ça fera 600 calories sur les hanches et 2 caries de plus !