La Petite Fille de Monsieur Linh
Mais qui a osé ? Qui a osé écrire une histoire aussi belle ? Quelle émotion, quelle sensibilité ! J’en suis encore toute tourneboulée.
Ce livre très court que j’ai lu d’une traite décrit le parcours de Monsieur Linh qui fuit son pays en guerre. Pays que l’auteur ne nomme jamais mais que l’on devine être le Vietnam. Autour de lui, il n’y a que des morts et des fantômes. Il part avec une petite valise contenant une poignée de terre et une photo. Dans ses bras, un nourrisson. Sa petite fille rescapée des bombardements. Ils ne sont plus que deux, seuls dans un univers totalement étranger à Monsieur Linh, dans lequel il trouve la soupe fade et l’air sans aucun parfum. Il est perdu, déraciné, totalement isolé.
Mais un jour, assis sur un banc, il va faire la connaissance du gros homme. S’établit alors une relation unique.
Ce petit livre m’a absolument conquise. Son écriture délicate et fluide en fait un bonbon pour les neurones. En ressortirais-je indemne ?
En le lisant, je me suis posée la question de mon propre déracinement. De mon pays d’adoption. Le jour où nous reviendrons vivre sur le continent européen, le parfum du jasmin, le matin dans le jardin, le sifflement de la jungle, les chants du oiseaux et surtout celui du Koël – notre version du coucou – me manquera t-il à ce point ? Trouverais-je la soupe sans goût ? Je pense que oui. Cela fait maintenant plus de vingt ans que je vis en Asie et une telle expérience me marquera toujours. Mes Nains aussi d’ailleurs.