Ah, j’y ai laissé mon tricot !
Je commence seulement à ressusciter de mes cendres. Je suis sur les rotules, aplatie, avachie, je veux que ça cesse et pourtant cela n’a toujours pas commencé !
Notre déménagement ne s’est pas concrétisé et pourtant nous étions prêts ! Enfin presque !! Il ne restait que quelques cartons à fermer et j’avais passé tout le week-end à astiquer les sols dans notre nouveau Home Sweet Home. C’est lundi matin que tout a foutu le camp.
Notre nouvel appartement est neuf, tout neuf d’il y a 10 ans. L’ancien propriétaire l’avait acheté à des fins spéculatives pour le revendre plusieurs années plus tard à un prix bien sûr nettement supérieur. Il ne l’a jamais loué, n’y a jamais fait de travaux et du coup, il pend au plafond les fils des spots qui restent à installer. Pour le moment, c’est un endroit où on ne peut y être que pendant la journée.
Il a aussi fallu faire inspecter les climatures car il était impensable pour moi d’y passer des nuits torrides ! Notez que comme il n’y a pas de rideaux pour le moment, il était évidement hors de question de dormir en tenue d’Eve pour se rafraîchir. Bref, lundi matin débarque mon expert en nettoyage de climature et mon optimisme remonte. Malheureusement, il a été de courte durée car il va nous falloir remplacer la climature de la chambre principale. C'est bien ma veine !
Arrivent également à ce moment là ma nouvelle machine à laver et mon sèche-linge. Et comble de chance, les livreurs m’offrent très gentiment de me débarrasser des vieux appareils qui se trouvent déjà dans la buanderie. Car voyez-vous, contrairement à la France, cela ne se fait pas automatiquement dans nos contrées tropicales.
Le livreur installe mes appareils, branche la machine à laver, tourne le robinet d’arrivée d’eau et WOOOOOSH se retrouve collé au mur par la pression de l’eau qui s’échappe du tuyau. Le robinet, trop vieux, a lâché. J’appelle en urgence le garde pour qu’il vienne tout arrêter pendant que mon pauvre livreur, trempé de la tête aux pieds, appuie comme un perdu sur le trou dans le mur pour éviter que l’eau ne se répande partout dans la cuisine.
Enfin le déluge est contenu, mais l’eau résiduelle coule encore assez fort dans un seau et du coup, mon expert en climature me fabrique un bouchon de fortune avec un vieux chiffon. Mon livreur insiste alors pour me montrer comment fonctionnent mes machines et je ne peux m’empêcher de pouffer de rire derrière mon masque. J’ai réussi à éviter le pire mais lui a l’air d’un rat mouillé. Quand je pense qu’il va devoir continuer sa journée dans cet état là.
Entretemps, le garde a envoyé une petite dame de ménage pour éponger l’eau dans le couloir et je passe la serpillère pour éviter le pire. Bon c’est vrai, il fait chaud et ça sèche vite mais quand même. Mais au moment où d’un geste alerte et efficace, j’éponge les dégâts, le bouchon de fortune m’explose en pleine figure et je me retrouve en première position dans le concours du Tshirt trempé. Envoyez-moi les bulles, et je vous fais soirée mousse dans le couloir ! Maintenant j’en ri mais sur le coup j’ai eu envie de le coller quelque part ce bouchon de fortune.
Heureusement, l’immeuble emploie un expert en plomberie/électricité/résolution de problèmes en tout genre qui vient à ma rescousse et remplace le robinet cassé. C'est au moins ça de gagné !
Je me rends alors compte qu’il est hors de question pour moi de prendre un taxi pour rentrer et me changer. Je dégouline de tout mon corps ! Deux solutions, soit je reste pendant une heure ou deux au soleil pour sécher et je me tape une insolation, soit j’appelle l’Homme pour qu’il vienne me chercher. Sauf que je ne suis pas sûre qu’il réponde au téléphone. Et bien si ! Il a du sentir que, pour sauver sa peau, il fallait le prendre cet appel là !
De retour à la maison, je continue de plus belle à faire mes cartons car les déménageurs arrivent le lendemain. Je commence à être extenuée, mon sens de l’humour s’effiloche, bref ça commence à sentir le moisi.
Soudain, je reçois un message de l’immeuble pour me prévenir qu’il y a un cas COVID positif dans la résidence et on me demande si je veux toujours emménager. Mais vous ne me la ferez pas celle-là ! Ça fait maintenant plus de 3 semaines que j’emballe ma vie, je vais le faire ce déménagement, grand C ou pas !
Et bien finalement peut-être pas car dans la minute qui a suivi ce message, les déménageurs me préviennent que le gouvernement applique à nouveau le confinement et qu’à partir de la mi-semaine plus rien ne bouge. Il faudra donc concentrer le déménagement sur un jour au lieu de deux. Un truc à devenir chèvre. Et l’école du Nain d’en rajouter en nous annonçant qu’elle ferme à nouveau. Notre Nain n’a passé qu’une seule journée à l’école depuis le début de l’année. Et quand un enfant vous réclame d’aller à l’école, vous savez que c’est sérieux !
C’est à ce moment là que j’ai jeté la serpillière et qu’avec Monsieur 3xrien nous avons pris la décision de tout reporter. C’est donc au milieu de nos cartons, sur un coin de table à manger – j’ai vendu mon bureau – que je vous écris. Par contre, ce qui me chagrine le plus, c’est le fait que j’ai laissé mon tricot dans l’appartement et que, comme il nous est interdit de nous déplacer, pas question d’aller le récupérer. Comment pourrais-je, au barrage de police, justifier mon déplacement ! Va falloir être patiente !