Aventures Pékinoises
Nous voilà rentrées de Pékin. Voyage superbe, ponctué de fous rires (nous remercions d’ailleurs la population locale pour sa généreuse contribution en moments loufoques), rempli de découvertes et de surprises – certaines plus plaisantes que d’autres.
En 5 jours, nous n’avons fait qu’effleurer la surface de cette grande métropole qui se transforme à la vitesse de l’éclair. On s’affaire, on s’agite, les vieilles bicoques branlantes font place aux gratte-ciels, la ville perd peu à peu son charme. Les jeux olympiques de 2008 ont dû forcément accélérer ce processus de modernisation. Le Pékin que j’ai connu, il y a 16 ans, a disparu.
Vendredi dernier, nous avons donc pris l’avion pour Pékin, mais le temps étant tellement exécrable, nous avons bien failli camper à l’aéroport et dormir dans l’avion. C’est donc avec beaucoup de retard mais aussi de soulagement que nous avons atterri à destination.
Premier fou rire dans la navette qui relie les deux terminaux de l’aéroport. Alors que nous étions sagement assises, Grande Fille s’est faite éjectée de son siège par une mamie revendiquant ses droits. Elle y est même allée à deux mains pour se faire de la place. Nous en avons conclu qu’il fallait se méfier du 3eme age. La petite vieille n’a bien sur jamais compris la cause de notre hilarité. Quel beau début !
Forte de cette expérience, j’ai, au cours des 3 jours qui ont suivi, compilé un guide des mauvaises manières pékinoises. Celles-ci vont du raclage de gorge complété par le cracher glairale (attention aux pieds), du coup de coude dans les côtes en bain de foule (j’m’excuse pas, ça pourrait me faire du mal), de la farfouille nasale suivie de l’étude des dites fouilles, de l’essuyage de doigt sur le T-shirt de la personne devant soi, des prises de photos intempestives malgré nos protestations, des fixations de regard intenses (on nous appelle, là-bas, les « longs nez » et nous attirons beaucoup l’attention), des hurlements dans les oreilles, du jet d’ordure sur la voie publique, et surtout, la palme : l’urination dans les coins des sites touristiques en pleine vue du public (preuve à l’appui, voir ci-après) ! Bon, au bout d’un moment, il vaut mieux en rire sinon ça vous gâche les vacances.
Samedi, nous avons entamé notre circuit par la Cité Interdite, située à 20 minutes à pied de notre hôtel. Nous avons pris notre premier bain de foule devant les guichets et puis la Cité étant tellement grande, nous avons vite semé nos collègues touristes. Mais pas sans avoir au préalable remarqué cette mode si aguichante de ce que j’appellerai « le bob de groupe ». J’en ai rassemblé quelques échantillons et je tiens à vous dire, que de tous, nous avons préféré le bob à pois !
Le grand escalier de marbre. Pour l'acheminer jusqu'à la Cité, il a fallu attendre que les routes gèlent et faire glisser la plaque de marbre.
Une des petites cours privées
Nous n’avons pas parcouru les 72 hectares mais presque, nous avons arpenté les différentes cours, nous nous sommes senti en harmonie devant les salles de l’Harmonie Céleste, Préservée et Tranquille (si seulement ça pouvait être contagieux) et arpenté les quartiers privés. Bref, nous avons conclu la visite de ce patrimoine mondial de l’humanité par un stage aux commodités qui s’est révélé la source de notre deuxième fou rire intitulé « la Chinoise n’est pas prêteuse » !
Alors que je me lavais les mains et cherchait vainement le savon (et croyez-moi vu l’état des sanitaires, vous avez envie de vous laver les mains), je vois dans un coin une petite bouteille qui mousse. Au moment d’appuyer sur le dispenser, voilà que ma voisine de lavabo se tourne rageusement vers moi, me lance un regard outré et me hurle « ME » (remarquez que dans sa colère, elle s’était souvenue de ses rudiments d’anglais, faut l’faire). Je l’ai regardé l’air ahuri et puis j’ai compris que je lui avais volé son savon personnel (qui m’eut cru capable d’un tel geste !). Je me suis vite rincée les mains pour me débarrasser des traces de mon méfait et je suis sortie en gloussant de rire. Après cet incident, nous avons toutes pris avec nous un des savons de l’hôtel que nous avons surnommé le « ME savon » ! Maintenant, vous êtes prévenue (n’oubliez pas non plus le papier) !
Fin d’après-midi à Tiananmen Square, où nous avons expliqué tout bas (il vaut mieux être discret) aux Nains et à Grande Fille les événements de juin 1989 et surtout le courage émouvant de cet étudiant qui, on s’en souvient, s’était opposé aux chars.
Comme TonTube est censuré en Chine, il a fallu attendre notre retour pour leur montrer la vidéo ICI. D’ailleurs, il n’y avait pas que TonTube d’inaccessible. Pas de Face de Bouc bien entendu mais, Roxane, je suis navrée de te dire que ton blog Scrap Quilt and Stitch ne passe pas non plus. Qu’as-tu donc écrit qui soit si subversif ? Comme nous nous sommes trouvées à Pékin au moment où le dissident chinois Chen Guangcheng a pris la fuite pour se réfugier à l’ambassade américaine, les reportages de TV5 que je suivais assidûment, ont tous été écourtés et je n’en ai jamais vu la fin mais un écran noir !
Dîner dans un restaurant recommandé par le concierge de l’hôtel (celui-là, je l’aurai bien ramené dans mes valises) pour goûter à la spécialité locale : le canard laqué. Nous y sommes retournées tellement nous nous léchions les babines et il est heureux que notre séjour ne durât que 5 jours sinon nous aurions décimé l’élevage entier. Les Nains et Grande Fille ont particulièrement apprécié la cérémonie du mélange de la sauce hoisin et de la cacahuète. Si cela vous tente et que vous êtes dans le coin, allez voir ICI. Petite anecdote, le manager vient de Reims !
Dimanche, journée au Summer Palace, le palais d’été de l’impératrice douairière, une pétasse capricieuse et tyrannique que vous retrouvez dans « Impératrice de Chine » de Pearl Buck. Nous avons pris le métro pour la première fois et vraiment ça n’est pas compliqué. Par contre, bonjour le bain de foule car c’était jour férié pour les chinois. Peut-être travaillent-ils aussi le dimanche ? Il y a plus d’un milliard de chinois en Chine, et bien, ils avaient tous décidé de visiter la même chose que nous !
La visite n’a pas été aussi agréable que celle de la veille, nous ne sommes donc pas restées longtemps et avons préféré explorer les petites rues commerçantes.
Et bien, cette visite nous a coupé l’appétit. Je vous laisse choisir votre snack :
Brochettes d’hippocampes
A moins que vous ne préfériez celles aux cigales et leurs cocons
Chair de serpent
Etoiles de mer croustillantes
Seiches
Ils sont plus petits chez nous !
Mille-pattes
Ou sauterelles ?
Pourquoi ne pas en rester aux fruits trempés dans le sucre, tout simplement ?
Lundi, nous avons loué une voiture et son chauffeur auprès de l’hôtel pour nous emmener à la Grande Muraille. Comme nous désirions éviter la foule (nous apprenons vite), nous avons décidé de contourner Badaling pour nous arrêter à Mutianyu qui se trouve un peu plus loin. Comme les embouteillages sont nombreux sur la route, nous avons mis 3 heures à l’aller. J’en ai profité pour faire une étude des comportements routiers et je suis heureuse de pouvoir confirmer qu’il n’existe aucune règle de conduite à Pékin. Vous pouvez doubler à droite ou à gauche selon la disponibilité, rouler sur la voie expresse réservée aux véhicules d’urgence sans oublier d’être rapide à la détente sur le klaxon pour exprimer votre mécontentement. De toute façon, personne ne vous en voudra et ça vous soulagera peut-être.
Nous avons choisi de prendre les cabines pour monter sur la Muraille et le toboggan pour en redescendre. Et je dois avouer que cette descente a été le point culminant de notre séjour à Pékin ! Nous ne nous sommes pas filmées, mais d’autres l’ont fait. Si vous voulez un aperçu, cliquez ICI. Moi je criais plus fort !
Aujourd’hui, dur retour à la réalité. Pas de buffet petit-déjeuner mais juste un vieux toast rance. Je dois avouer que notre hôtel avait un goût de « revenez-y » et des lits à en mourir dedans. Si vous prévoyez un petit séjour touristique, je vous le recommande.
Il ne me reste plus qu’à défaire les valises. Mais avant, je vous laisse avec Moyen Nain et ses efforts désespérés pour vous ramener un souvenir de la Cité Interdite. Vas-y mon Nain !