Enterrons nos 17 ans
Pour fermer ce chapitre de 17 ans qu’a été notre vie à Hong Kong, j’ai voulu aller, avec Grand Nain, visiter le plus vieux cimetière de l’île : le cimetière colonial.
N’y voyez pas là l’expression de pensées lugubres mais simplement l’envie d’aller payer mes respects à ces personnes qui ont contribué au développement de ce que nous appelons « Home » chez les 3xrien. Missionnaires, diplomates, négociants, banquiers, marins, mais aussi scientifiques, artistes, écrivains ou journalistes, tous ces hommes et femmes qui ont abordé avec étonnement et passion cette terre de l'Orient extrême, celle choisie par deux fois par Jules Verne pour symboliser les antipodes, mais aussi le changement.
Ce cimetière créé par les Britanniques en 1844 surplombe le champ de courses de Happy Valley. Il abrite des personnes notables comme Daniel Richard Caldwell, mort en 1872. Interprète en cour de justice, cet eurasien parlait de nombreuses langues comme le malais, le portugais, le cantonais et l’anglais. Caldwell devint vite une notoriété à une époque où la corruption et les pratiques illégales étaient monnaie courante à Hong Kong. Il devint secrétaire d’état et comme parmi ses amis figuraient des pirates, ceux-ci lui permettaient d’exercer des pratiques illégales et le gouvernement était dans l’incapacité de le mettre à la porte !
On trouve également Karl Friederick, un des premiers missionnaires luthérien allemand mort en 1851. Ou encore Henrietta Hall, première femme missionnaire en Chine.
Le cimetière est organisé par « thèmes » : une partie est dédiée aux marins – la plupart noyés dans le port de Hong Kong,
l’autre aux pilotes de la Air Force tués pendant la deuxième guerre mondiale – tous très jeunes,
celle des officiers de police, ou encore, la plus chargée d’émotions, celles des enfants où les anges veillent sur eux.
Nous avons remarqué que les personnes mortes vers 1890 – 1910 avaient en général une trentaine d’années. Elles ont sans doute succombé aux effets de la chaleur et de l’humidité à une époque où l’air climatisé n’existait pas. Mais il y avait aussi les maladies tropicales comme la malaria, les typhons ou la grande tempête de juillet 1889, les victimes de la Révolte des Boxers en 1900, où encore le grand incendie du champ de courses de Happy Valley qui en février 1918 fit 590 victimes !
On trouve dans ce cimetière des stèles magnifiques mais également des stèles auxquelles il manque le haut. C’était simplement, à l’époque, une façon d’indiquer que la vie de la personne avait été soudainement écourtée comme celle de Yang Chu-yun, un révolutionnaire associé à Sun Yat-sen, tué par les officiels de la dynastie Ching.
Puis nous avons parcouru les allées du cimetière Parsi dont l’ambiance est tout à fait différente de celle du cimetière colonial. Les tombes sont soigneusement rangées les unes à côte des autres, on dirait un camping de caravanes !
Et enfin, le dernier : le cimetière catholique de St Michael qui lui s’éparpille à perte de vue sur les collines et sur les tombes duquel on trouve les photos des occupants. Beaucoup de Portugais (Macao étant l’île à côté) et de chinois mais c’est là aussi que sont enterrés les prêtres et missionnaires catholiques venus convertir les chinois au début du siècle. Nous avons parcouru avec amusement les allées bordant les sépultures des sœurs de St Paul et regardez qui nous avons trouvé !
Pour ne pas rester sur une note, somme toute assez triste, je vous laisse en compagnie d’un petit monsieur pour qui j’ai littéralement « craqué » !
Je lui ai trouvé un air tellement authentique !