Frissons de voisinage
Ah, chers voisins ! Vous est-il arrivé de tomber sur des voisins pénibles ? Vous savez, ceux qui sont du genre à tondre leur pelouse en pleine heure de la sieste ou qui reçoivent tous les samedis soirs des amis jusqu'à point d’heure et font hurler la musique.
Moi oui.
Lorsque j’étais étudiante, je partageais un petit appartement avec Cadette (elle s’en souvient ; elle en porte encore les séquelles !). Il était situé tout à côté de la station de RER, mais ce n’était pas cela qui était le plus gênant, c’était surtout qu’il s’agissait d’une loge de concierge reconvertie (la loge, pas la concierge !). J’en voyais passer du monde. Mais, nous habitions surtout à côté d’un pauvre homme qui avait perdu son emploi et était tombé dans les vapeurs d’alcool. Il tapait dans les murs avec une masse à 6 heures du matin, tous les dimanches, et il était particulièrement difficile de réviser pour les examens avec tout ce boucan. Lorsqu’il a enfin quitté les lieux, nous nous sommes aperçues qu’il était en train d’abattre un des murs porteurs de l’immeuble !
Lorsque j’ai débarqué dans mon île chaude et humide, Monsieur 3xrien avait déniché un petit appartement très cosy au 17eme étage d’une tour immense au milieu de 40 autres. Jamais un moment de silence, même le week-end. Mais surtout, cet appartement était situé sous l’appartement d’une femme qui portait des talons hauts et semblait ne jamais les quitter, surtout en pleine nuit. Elle me rendait folle et je donnais des coups de balais au plafond pour qu’elle se déchausse. En quittant l’appartement, j’avais rebouché les trous laissés au plafond avec du dentifrice pour que le propriétaire ne s’en aperçoive pas et ne déduise pas la caution. Je n’avais, à l’époque, pas encore découvert la magie du produit pour reboucher les trous et les fissures. J’ai maintenant des actions chez Polyfilla !
Et puis, nous avons déménagé, habité pendant un moment à côté d’une famille adorable et nous laissions nos portes ouvertes pour nous échanger des pâtisseries, boire un verre sur le palier ou tout simplement papoter de nos cuisines respectives. Cette famille m’a malheureusement quitté trop tôt et les nouveaux propriétaires se sont mis à planter des clous pour accrocher leurs tableaux à 9 heures du soir alors que je rentrais tout juste de la maternité et que j’avais grandement besoin de dormir.
Rassurez-vous, je n’ai jamais subi ces nuisances de voisinage mais je suis une râleuse en puissance. Vous n’avez pas envie de venir habiter à côté de chez moi. Les chiens qui aboient, le voisin qui coupe son bois les matins de jours fériés ou encore celle qui me cherche des poux dans la tête parce qu’elle veut ouvrir des ouvertures sur mon jardin, gare à vous.
C’est donc avec un petit sourire ironique que j’ai commencé la lecture de « Le voisin » de Tatiana de Rosnay.
Prenons une jeune femme apparemment banale - des jumeaux de onze ans, un mari homme d'affaires souvent en voyage, et un métier qui l'épanouit peu. Comment cette femme sans histoires aurait-elle pu imaginer ce qui l'attend dans le nouvel appartement où la famille vient d'emménager ?
C'est une nuit, alors qu'elle est seule dans son lit, que l'engrenage se met en marche. De la surprise à l'inquiétude, puis de l'effroi à la panique, victime d'un être insaisissable et diabolique, Colombe va vivre une aventure hallucinante à laquelle rien ne la préparait, et dont le dénouement ne sera pas l'épisode le moins étrange.
Je ne vous en dis pas plus. L’écriture est parfaite comme d’habitude et l’auteur sait faire monter la tension. On se croirait dans un thriller domestique dans lequel les cartes sont brouillées et l’histoire aboutit à une issue aussi subtile qu’inattendue. Et comme ce livre est tout petit, vous pourrez toujours vous faire peur entre la cuisson de la dinde et la préparation des toasts de foie gras.