Journal ou pas journal ?

Publié le par Fille Ainée

Je viens juste de terminer Mille femmes blanches de Jim Fergus et j’avoue que même si j’ai entendu de très bonnes critiques à son égard, mon avis est assez partagé.

 

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Ce roman rapporte un fait historique largement ignoré : le troc de mille femmes blanches contre chevaux et bisons pour favoriser l'intégration du peuple indien en 1874. Décision acceptée dans le plus grand secret par le président américain Grant. Ces femmes qui se sont portées volontaires venaient en réalité des pénitenciers et des asiles de tous les États-Unis d'Amérique et cette transaction représentait pour elles le seul moyen de s’échapper et de regagner leur liberté à une époque où il était facile de faire interner une épouse encombrante sous prétexte de “folie”. Ce roman raconte donc le périple de ces femmes aux côtés de la tribu des Cheyennes.

 

J’en ai trouvé sa lecture assez plaisante, même rapide, mais quelques doutes m’ont assaillis en milieu de lecture et je me suis demandé si j’avais bien fait de le lire en français et non en VO. Utilisait-on vraiment le mot « pote » au 19eme siècle comme semblent l’employer très souvent au cours du roman deux des personnages ? Le même mot figure t-il dans la version britonne ou est-ce une espièglerie du traducteur ?

 

J’ai commencé ce livre persuadée qu’il s’agissait là de la reproduction exacte des carnets de voyage de May Dodd comme l’indique l’auteur « Excepté quelques ajustements minimes du point de vue de l’orthographe et de la ponctuation, les carnets présentes aux chapitres suivants n’ont pratiquement pas subi de corrections. Ils ont été transcrits exactement comme leur auteur, May Dodd, les a écrits. » Et puis à la fin je trouve ceci « ce livre est une œuvre de fiction (…) si l’on reconnaît le nom de certaines figures historiques, les personnages qui les incarnent ici sont tout aussi fictifs. Patronymes, caractères, lieux, dates et descriptions géographiques sont, soit le produit de l’imagination de l’auteur, soit insérés dans cette fiction. ».

 

Ben alors là, je ne comprends plus rien ! Est-ce réellement la transcription fidèle des carnets de May Dodd, ou Jim Fergus a t-il brodé une histoire autour de quelques lignes retrouvées ? Les personnages qui ont fait partie de la vie de May Dodd, tels rapportés dans ce roman, étaient-ils réels ou simplement le produit de l’imagination de M. Fergus ? Du coup je me suis sentie dupée. Et comble du comble, je déniche en préface la chose suivante « Jim Fergus a imaginé le journal d’une des femmes qui ont été données en mariage aux Indiens en 1875 ». Je deviens chèvre, du coup !

 

Je ne dis pas que je n’ai pas aimé l’histoire et je me suis prise, moi aussi, à rêver de cette existence hors du commun, dans les grandes plaines d’Amérique mais, il y a des passages du livre où je me suis quelques fois demandée si Jim Fergus ne se prenait pas pour le Marquis de Sade du 20eme siècle. May Dodd a t-elle vraiment écrit les détails de sa vie intime (surtout à son époque et avec son éduction) ou est-ce M. Fergus qui en a profité pour glisser ses fantasmes les plus fous ? 

 

Je m’explique : l’héroïne se trouve seule et nue dans un lac, un pervers qui sent le bouc arrive pour lui faire des misères et soudain voilà qu’apparaît sur son grand poney blanc, son mari Little Wolf avec son fouet pour la sauver d’une perdition certaine ! Vous y croyez vous ? Quand vous vous faites agressée par des loulous de basse-cour dans le métro, il apparaît Monsieur votre mari sur son poney blanc ? Nan, vous vous faites piquer votre sac comme tout le monde pendant que Monsieur votre mari est au pub avec ses copains. Et en plus, vous vous faites engueuler le soir parce que vous rentrez tard ! Ben évidemment, comme vous n’aviez plus d’argent pour prendre le bus, il vous a fallu finir les derniers kilomètres à pied. Moi, je vous l’dit, cet homme n’est pas net, surtout si l’on en croit son dernier livre « Marie Blanche » (et Moutie le confirmera, j’en suis certaine).

  

 

Si vous l’avez lu, dites-moi ce que vous en avez pensé. Si vous ne connaissez pas ce roman, je vous rassure, il est quand même divertissant mais je m’en tiendrais là en ce qui concerne l’auteur. 

 

 

Publié dans Au fil des pages

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P
Je suis d'accord avec votre commentaire. Vous dites par contre que Jim Fergus aurait imaginé le journal d’une des femmes qui ont été données en mariage aux Indiens en 1875 ??? Je ne vois pas cela dans ma version. Quelle édition avez vous lu? Malgré certaines longueurs occasionnelles le commentaire de A.M. Koenig à l'endos de ma version est pertinent. P.
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F
Malheureusement Pierre, cette lecture date de janvier 2012 et je n'ai pas gardé ce livre dans ma bibliothèque. Je ne conserve que ceux qui m'ont vraiment marqué et je remets les autres en circulation dans des boîtes à livres. Ce qui fait que je suis dans l'incapacité de répondre à votre question. Désolée.
O
En ayant lu tes réponses oui je pense comme toi que probablement les pensées pour l'époque sont parfois un peu décalées, mais d'un autre côté comme c'est un roman, c'est à mon sens ce qui le rend<br /> plus vivant et lisible par tous. Mais je comprends ce point de vu. En même temps au moins c'est clair : ce n'est qu'un roman pas autre chose :)
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O
Bonjour, je découvre ton article à l'instant. Je viens moi-même de finir de finir ce livre, alors je peux te répondre :<br /> D'abord j'ai aimé ton article :)<br /> Toutefois, je pense qu'il faut commencer le livre en ayant bien en tête que c'est effectivement un roman. Un roman qui a bien pour base des faits réels et sûrement des recherches de l'auteur, mais<br /> un roman quand même comme il en existe des tas qui partent d'un fait réel.<br /> Cela, on peut le voir dès le début puisque le nom des personnages diffèrent bien sûr de celui de l'auteur, ce n'est donc pas lui dans le roman qui trouve les carnets etc.<br /> Cela dit, c'est tellement bien fait à mon avis, qu'il y a de quoi se laisser totalement porter comme si l'histoire était vraie, j'avoue que ça met le doute - mais j'imagine que des vrais carnets<br /> auraient plus de petits détails sur la vie de tous les jour, non ? J'imagine, en tous cas... :))<br /> Quant au poney blanc ^^, le mari ne surgit pas de nulle part puisqu'il était à côté : dans ce passage ils étaient tous les deux à un campement, en plus c'est un guerrier donc bon, il est affuté tu<br /> vois, pas bien sûr comme nos princes charmants des temps modernes ;D<br /> Voilà, enfin moi j'ai adoré ; mon article est programmé pour la fin de semaine mais je n'ai voulu lire vos avis qu'une fois avoir écrit le mien pour ne pas être influencée.<br /> Bise d'une blogueuse inconnue qui passait par là :)
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F
<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Et bien on pourra dire que ce livre en aura suscité des commentaires, et je suis ravie que tu aies ajouté ton avis. Tu me fais regretter de ne pas faire partie d’un groupe de<br /> lecture. Et puis, ça m’a permis de « rencontrer » tellement de personnes nouvelles.<br /> <br /> <br /> Je reste sur mes positions quant à ce roman de fiction (maintenant, c’est un fait établi) et je pense qu’il s’agit plus du style de l’auteur - qui me déplait - plutôt que<br /> l’histoire en elle-même. D’ailleurs, si tu t’avises de lire « Marie Blanche », tu verras de quoi je veux parler. Jim Fergus a des pensées plutôt saugrenues par moment !<br /> <br /> <br /> Après publication de mon article, j’ai reçu un long mail d’une de mes lectrices qui m’expliquait qu’en fait l’échange proposé par Little Wolf était réel mais le gouvernement<br /> aurait refusé d’y prendre part. Jim Fergus a donc du trouver l’idée tellement bonne qu’il l’a exploitée même si elle ne s’est jamais concrétisée.<br /> <br /> <br /> Je ne manquerai pas d’aller lire ton article quand tu l’auras publié sur ton blog que je vais de ce pas aller regarder. Encore merci de ton commentaire !<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
C
Je me souviens vaguement de l'histoire. J'avais bien aimé le livre et ne lui avais pas accordé plus d'importance qu'un roman relatant des faits méconnus.<br /> Cadette qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez.
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D
je l'ai lu il y a 2 ans environ et je l'ai pris comme une fiction partie d'un fait historique : celui de l'échange des femmes contre des chevaux ; pour le reste j'ai trouvé aussi que l'héroïne<br /> était en avance sur son temps dans les confidences sur sa vie intime. J'ai été portée par l'aventure pendant les 2/3 du llivre mais le dernier 1/3 est à l'opposé très violent : c'est peut être<br /> romancé, mais je comprends bien cet esprit yankee d'obéir aux ordres pour la patrie plutôt que de se laisser guider par ses sentiments. Jerepense souvent à cette lecture. domi
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C
On me l'a offert en 2001, et je l'ai dévoré. Même si cela est romancé, l'histoire est intéressante car méconnue. Oui il y a des passages curieux mais les auteurs prennent parfois quelques libertés.<br /> Moi je le recommanderais tout de même.Bises. Christine
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M
Je l'ai lu il y a longtemps et ne me souviens plus de tout, mais je croyais que c'était un roman basé sur des faits réels ...<br /> Par contre dans le cadre du festival de la correspondance à Grignan il y a quelques années, j'ai assisté à des lectures données par une comédienne qui lisait des extraits plusieurs jours de<br /> suite(c'était plus que de la lecture, la fille était habitée par le texte).<br /> Lors de la dernière lecture, il y avait tellement d'émotion,la comédienne était tellement entrée dans le personnage, que tout le monde s'est laissé porter par le texte, sa voix (pas de décors, ça<br /> se passait dans une cour, la fille habillée dans une robe (façon petite maison dans la prairie) mais dans une toile beige grossière, sans artifice et seule sa voix ses mots, leurs intensités<br /> portaient le texte) : elle a terminé le dernier jour en larmes, après le recit de cette scène atroce de l'ataque par l'armée, immobile, le regard fier, porté à l'horizon et il y a eu un silence<br /> incroyable dans l'assistance et personne n'osait applaudir pour ne pas rompre le charme de cet instant(rien que de l'écrire, j'en ai la chair de poule ...)<br /> Voilà ce que ce roman m'évoque ...
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F
<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> En effet ! Mais là, il s’agissait de la façon dont le texte était conté, avec les tripes. Et je suis certaine que cette conteuse aurait pu lire<br /> n’importe quoi - elle avait du talent – et même une recette de cuisine vous aurait fait monter les larmes aux yeux ! J’avoue que certaines scènes du livre sont vraiment captivantes mais<br /> certaines remarques isolées du personnage principal détonent dans l’authenticité du texte. C’est ce qui pour moi a gâché l’ensemble de l’ouvrage. Les pensées de May Dodd étaient par<br /> moment trop en avance sur son temps et ne convenaient pas au personnage qu’elle incarnait.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
L
Bon, si j'ai tout compris, il faut le lire comme une fiction intéressante, et c'est tout ... quant au poney blanc de mon mari .. il n'en a pas, et il aurait l'air ridicule dessus ... peut-être avec<br /> une 2-chevaux blanche ...<br /> Bises !
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F
<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Exactement, une fiction divertissante à lire sous la couette quand il fait froid avec une bonne tasse de thé !<br /> <br /> <br /> <br />
N
Ouh là, mais cet auteur est effectivement douteux !!!<br /> <br /> Bon, toujours est-il que tu as déjà vu qui que ce soit dans les couloirs du métro sur un poney blanc ??? (ou noir, peu importe !)
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F
<br /> <br /> On ne sait jamais. Garde l'oeil ouvert!<br /> <br /> <br /> <br />
M
J'ai aimé Mille femmes blanches (c'est Cadette qui me l'avait recommandé)que j'ai lu comme un roman d'aventure sans me poser de questions.<br /> Par contre, j'ai été très déçue par Marie Blanche. Dans ce dernier livre, Jim Fergus raconte l'histoire de sa famille.<br /> Quelle famille ! À sa place, je ne m'en venterais pas : un oncle pédophile qui viole sa nièce de 14 ans et qui veut l'épouser, des parents qui ferment les yeux sans réagir...<br /> L'atmosphère de ce roman est malsaine. J'ai eu du mal à croire à cette sordide histoire.
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