L’œil de Megi
Je vous présente Megi : Super Typhon, vitesse de plus de 185km/h, vient de faire un passage très rapide à 260km/h sur les Philippines (j’avais une correspondante allemande qui s’appelait comme ça d’ailleurs et elle était parfois tout aussi agitée !). Bref, Megi va faire voler nos petits cheveux ce week-end et laisser sur son passage un amas de débris qu’il nous faudra ramasser vite vite pour revenir à la vie normale.
Si vous ne vous êtes jamais trouvé dans un typhon et surtout dans l’œil d’un typhon, je vais essayer de vous expliquer à quoi ça ressemble quand vous habitez sur un bateau. Imaginez que vous êtes maîtresse d’école dans une classe uniquement composée de garçons de 4-5 ans. Vous avez fait la fête une bonne partie de la nuit avec vos copines, vous avez mal aux cheveux et vous rêvez de rentrer chez vous et d’aller vous coucher. Mais voilà, vous ne pouvez pas. Vous débarquez dans votre classe et là, horreur, stupeur et épouvante, vous réalisez qu’ils ont tous, sans exception, carburé à la boisson gazeuse très très sucrée au petit-déjeuner. Il va falloir assurer toute une journée avec un mal de tête épouvantable et une énorme envie de vomir. Ça c’est l’effet mal de mer !
Vous rentrez enfin chez vous (la directrice a eu pitié de vous), vous êtes à moitié sourde (les amarres du bateau qui ne cessent de gémir à chaque coup de vent), et là d’un seul coup, vous vous retrouvez dans le silence le plus complet, avec le chat sur les genoux et une bonne tasse de thé fumante à la main. Les gros nuages qui occupaient votre cervelle se sont dissipés sous l’effet des 6 cachets de paracétamol que vous avez pris d’un seul coup (faut bien ça non ?) et vous savourez cette tranquillité, cette quiétude. Vous commencez à penser à tout ce que vous allez pouvoir entreprendre avant d’aller vous glisser dans votre lit douillet. Ça c’est l’effet œil du typhon !
Cependant, cela ne dure pas longtemps. Le téléphone sonne, votre meilleure amie vous invite à passer prendre un verre (juste un) pour célébrer sa promotion. Vous ne pouvez pas lui refuser ça. Retour chez vous 3h du mat, vous avez vidé 3 bouteilles à deux (et encore, vous avez oublié celles qui ont roulé sous le canapé), aie aie aie… Ça c’est l’effet retour du vent !
Lever 6 heures 30 du mat, vous tombez de votre lit en roulant, vous vous apercevez que vous êtes pleine de bleus (ça c’est l’effet rencontre d’une poignée de placard et perte d’équilibre dans un roulis), avalez un café et partez en soupirant dans votre classe où cette fois-ci, ce ne sont pas les gamins qui sont énervés mais leurs parents qui eux ont bu 15 cafés et qui vous assaillent dès que vous franchissez la porte. Ça c’est l’effet changement de direction du vent après le passage de l’œil du typhon.
Cela ne s’arrête que lorsque vous avez enfin compris qu’il faut décrocher le téléphone en rentrant chez soi si on veut savourer sa paix et sa tasse de thé. Ça c’est l’effet « ce serait une bonne idée si on allait passer la nuit chez une copine qui habite dans un appartement solide et qui ne bouge pas ».
Vous avez saisi ? Bon je vous laisse, je vais remplir le frigo !