Le Guide de l’Idiot du régime communiste ou comment faire sombrer un pays dans la misère en moins de 5 ans, par Brother Number 01
Et bien oui, Nicole a bien deviné, c’est au Cambodge, à Phnom Penh, que je me trouve depuis ce matin. Petit saut de puce depuis mon île chaude et humide mais grand dépaysement !
Petit point d’histoire avant de commencer la visite. Je ne vais pas remonter loin dans le temps, mais plutôt à une période récente et cruciale pour expliquer pourquoi le Cambodge est devenu ce qu’il est aujourd’hui, à savoir un des pays les plus pauvres du monde !
En 1954, à la fin de la guerre d’Indochine, alors que la plupart des militants communistes se réfugient au Viêt Nam du Nord, un certain nombre d’entre eux décident de résister au régime du Prince Sihanouk.
Les opposants au régime officiel constituent, à partir de 1963, des maquis autour d’un chef, Saloth Sar, dit « Pol Pot ». A partir de 1970, le prince Sihanouk est renversé par un coup d’état proaméricain. Exilé en Chine, il apporte sa caution à ses anciens ennemis, les Khmers. Malgré tout, les Khmers rouges éliminent dans les régions qu’ils contrôlent les partisans du prince puis les exilés revenus du Viêt Nam, pourtant également communistes.
Le noyau militaire du mouvement, l’Angkar qui signifie « L’Organisation », exige une discipline aveugle. Sa réputation de cruauté se répand très rapidement. Les Khmers rouges prennent le pouvoir au Cambodge en avril 1975, dans un pays dévasté par la guerre civile. Ce pays a reçu en trois ans trois fois plus de bombes américaines que le Japon pendant la Seconde guerre mondiale.
Pol Pot, un ancien instituteur (ironique, non ?), dirige le gouvernement. Dès lors les frontières se ferment et le cauchemar commence. Immédiatement, toutes les villes sont évacuées. Un missionnaire français rapporte ces propos d’un commissaire politique :
« Il faut que les gens apprennent qu’ils naissent du grain de riz. En suant pour défricher, pour semer, planter, récolter, l’homme connaît la vraie valeur des choses. La ville est mauvaise, non pas les gens : car les gens sont réformables, mais pas la ville ; c’est en ville qu’on trouve l’argent et la corruption ».
Sur cette base incroyable, tous les signes d’une société dite décadente sont abandonnés : vêtements de couleur, machines à écrire, électrophones, radios, automobiles, télévisions, écoles, postes, eau courante et jusqu’aux hôpitaux et aux marchés. Toute la population est alors employée à la riziculture et à des travaux d’irrigation épuisants.
Dès l’âge de huit ans, les enfants travaillent 10 heures par jour pour un bol de soupe et deux bols de riz par jour. Les organismes épuisés et sous-alimentés ne résistent pas à la maladie. La malaria fait rage et aucun médicament ne doit être demandé à l’étranger. La vie privée n’existe plus et les familles sont séparées.
En dehors des dirigeants, ceux qui ont été en contact avec l’Occident sont éliminés. Porter des lunettes c’est-à-dire avoir l’air d’un intellectuel est synonyme de condamnation à mort immédiate. Pour survivre, les enfants doivent dire qu’ils sont trop pauvres pour aller à l’école. L’Angkar a le droit de vie et de mort sur chacun.
Par souci d’économie de munitions, les exécutions se font à coup de manche de pioche ou par étouffement dans un sac en plastique. Le régime créé une milice constitué de jeunes paysans, des enfants qui n’ont rien connu d’autre que la guerre et la torture. Endoctrinés, ces enfants doivent être, selon le régime, les seuls survivants.
Selon Pol Pot, « il suffit de 1 à 2 millions de jeunes Khmers rouges pour faire le Cambodge de demain ». Exécutions sommaires et goût des spectacles sanguinaires, la torture est devenu un véritable sport national.
Le Cambodge ne fait que le tiers de la France. Avant l’arrivée des Khmers, la population était d’environ 9 millions d’habitants, à 90% Khmers. Entre 1975 et 1978, plus de 300 000 personnes ont été exécutées de manière individuelle ou collective et 2 à 3 millions de personnes sont mortes de maladie, de privation ou des sévices.
Les Vietnamiens prennent Phnom Penh, la capitale, le 7 janvier 1979. Pol Pot s’enfuit à l’étranger devant l’avancée des troupes en avril. Il sera condamné à mort par contumace pour génocide en août 1979.
Il faudra plusieurs générations pour que les horreurs de ces 4 ans s’estompent dans la mémoire de la population. Mines et bombes, souvenirs de tant de combats, continuent à mutiler et à tuer. (V.Battaglia 04.2005)
Un passage à Phnom Penh nécessitait donc une visite à Choeung Ek, le lieu principal d’exécution et le charnier des prisonniers du régime des Khmers rouges. C’est en tuk tuk (je vous en parlerai plus tard) que je me suis rendue dans ce qui est aujourd’hui un lieu de recueillement.
Les fosses communes
Le Mausolée dans lequel sont réunis les crânes des victimes.
Le sol laisse entrevoir de nombreux restes humains et des vêtements remontent à la surface à chaque pluie torrentielle. C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai parcouru les allées entre les 129 fosses communes dont 49 d’entre elles n’ont toujours pas été fouillées.
Maintenant si je vous dis que Pol Pot fut surnommé le « Hitler du Cambodge » cela vous surprend ? Cet homme à l’idéologie extrémiste, qui manifestait une animosité perverse à l’encontre des ethnies et n’avait aucun respect pour la vie humaine, justifiait ses crimes au nom de la construction d’un régime communiste parfait. Il n’a malheureusement jamais comparu devant la justice, et la sentence n'a jamais été exécutée. Il est mort de sa belle mort au Cambodge en mai 1998 après s’être retranché dans un des derniers maquis Khmers rouges. Quelle injustice !
Si vous désirez en savoir plus sur ces « Killing Fields », cliquez ICI.
Demain, c’est promis, je vous parlerai de quelque chose de moins lugubre.