Le roman qui donne les yeux rouges
Je viens tout juste de terminer la lecture de « La terre des oublis » de T.h. Duong et je vais enfin pouvoir dormir !! C’est le genre d’ouvrage que l’on ouvre un soir innocemment et qui, d’un seul coup, vous emporte et ne vous lâche plus. Et vous vous levez le lendemain avec de tout petits yeux. Certains passages de ce livre m’ont noué la gorge et ont fait fuir mes yeux. On a envie de crier, de dire que c’est trop injuste mais rien n’y fait, l’histoire a déjà été écrite !
Ce splendide roman retrace l’histoire de Miên, une jeune femme vietnamienne. Mariée à Hoan, qu’elle aime et avec qui elle a un fils, elle mène une existence paisible et heureuse jusqu’à l’apparition de Bôn, un vétéran communiste parti à la guerre. Il faut dire que Bôn n’est pas un homme comme les autres. Il est l’homme que Miên a épousé 14 ans auparavant et qui a été donné pour mort.
Sous la pression de la communauté, Miên retourne vivre avec son premier mari. Au fil d'une narration éblouissante, l'auteur plonge dans le passé de ces trois personnages, victimes d'une société pétrie de principes moraux et politiques.
Outre l’intrigue saisissante, j'ai été séduite par la sensualité de ce livre qui regorge d'odeurs, d'arômes, de parfums, de senteurs, de saveurs... et par la beauté du langage. La romancière nous entraîne dans l'après-guerre du Vietnam aux principes moraux et politiques qui détruisent ces trois personnages déchirés par l'amour et les démons du passé. Il n’y a ni bon ni méchant, simplement des personnages impuissants à changer leur destin et gouvernés par des principes et des préjugés absurdes.
C'est un roman sublime à l'écriture poétique parsemé de somptueuses descriptions remplies de couleurs et d'odeurs. J’en suis sortie bouleversifiée, toute chose, tiens !