Il voulait être plombier, il sera couturier
Ce livre retrace le destin hors du commun de Tomi, jeune juif hongrois, déporté en 1944.
Tomi a quatorze ans et ne veut absolument pas devenir tailleur pour hommes comme son père. Au contraire, il veut être plombier parce que la salopette bleue lui va bien. Alors, il peut toujours courir son père pour lui apprendre la couture ! Tomi a d'autres choses à penser. Il est indomptable, espiègle, têtu, malin, rebelle. Du haut de son arbre préféré, il rêve de filles, d'avenir, de gloire.
Mais la guerre le rattrape et il est envoyé en camp de concentration. Débrouillard et farouchement déterminé à échapper à la mort, Tomi se porte volontaire pour raccommoder les pyjamas rayés du camp. Son coup de bluff se transforme alors en coup de foudre. C’est dans les ténèbres que Tomi trouve l'espoir et sa vocation : coudre pour fermer les plaies, ourler pour rhabiller l'homme déshumanisé, surpiquer pour s'empêcher de penser.
Du camp de concentration au sommet de la haute couture française, Où passe l'aiguille retrace une histoire incroyable mais vraie, le destin exceptionnel du propre cousin de Véronique Mougin. Cet ancien déporté devenu le numéro deux d'une maison de haute couture lui a confié ses souvenirs. Des camps, lui seul et son père en reviendront. Et le silence qu’il a si longtemps gardé, c’est pour se protéger, pour ne plus penser à ceux qui ne sont jamais revenus. Son incroyable destin semble tenir de la fiction.
J’ai trouvé cet hommage à cet homme d’exception bouleversant. Sorti vivant de l’enfer des camps, il a su tirer son épingle du jeu.
Ce récit est d’une sensibilité extrême et le mot de la fin m’a beaucoup touché :
« Certains jours, figure-toi, je me demande ce que je serais devenu sans la déportation. Un plombier peut-être, un petit gars en salopette, un dilettante sans doute, en tout cas un type heureux sans le savoir. (…) ce bonheur que je sens si fort maintenant, c’est au camp que je le dois, comme les autres bonheurs de ma vie. (…) Tu leur diras ça aux gens, dans le bouquin, que du même point peuvent naître le meilleur et le pire, que la vie est retorse, tortueuse, inextricable, qu’elle te rend fou de chagrin, qu’elle te remplit de joie, en vérité c’est du fil la vie, tu comprends ? ».
Et oui, moi aussi je suis convaincue que quelques fois, d’épisodes pénibles peuvent naître des moments meilleurs. Mais ça, on ne le voit pas toujours de suite !
Regardez moi, par exemple, si je n’en avais pas bavé en cours d’anglais pendant toute ma scolarité, si je n’avais pas été si nulle dans la langue de Shakespeare, je n’aurais jamais atterri chez les Britons et du même coup, je n’aurais jamais rencontré Monsieur 3xrien, je n’aurais jamais eu mes Nains (peut-être d’autres mais moins beaux quand même ;-)) et je n’aurais peut-être jamais eu l’idée de bloguer et d’amuser la galerie ! Comme quoi, la vie est bien faite même si des fois on aimerait tant en changer. On ne sait jamais ce qui nous attend au tournant.
À lire de suite !