"Au pays des hommes"
Tripoli, 1979. Suleiman, 9 ans, s'ennuie sous l'écrasante chaleur estivale. A la maison, l’ambiance est tendue : son père est sans cesse absent et sa mère, mariée de force à 14 ans, ressasse ses rancœurs et son chagrin dans l’alcool. Le monde extérieur, lui, ne va guère mieux. La société libyenne étouffe sous le régime autoritaire du colonel Kadhafi. En dehors de la compagnie de son ami Karim et de leurs virées à la plage, les journées s’étirent, interminables.
Mais bientôt le monde du petit Suleiman bascule : en plein centre-ville, un matin, il aperçoit Baba, son père, caché derrière d'épaisses lunettes noires. Pas un signe, pas un geste, l'homme les ignore, sa mère et lui. Subtilement, la peur et le doute s'installent dans la vie de Suleiman. Qui sont ces hommes en armes qui viennent fouiller la maison ? Tout est murmure, tout est secret, tout est hostilité. C’est le début d’une longue série de découvertes bouleversantes pour le jeune Suleiman : aux incompréhensions de l’enfance se mêlent l’opacité et l’arbitraire du régime libyen. Pourquoi le père de Karim est-il emmené par la police ? Comment se fait-il que sa mère brûle un à un les livres de la bibliothèque, jusqu'alors véritable trésor familial ?
J’ai beaucoup aimé ce livre. Un style superbe, une lecture magnifique. Nous sommes témoins, à travers les yeux innocents d’un enfant incapable de reconnaître la gravité des faits qui se déroulent sous ses yeux (et ce livre me rappelle par de nombreux aspects « le garçon au pyjama rayé »), de la cruauté d’un régime totalitaire. Impossible après une telle lecture de ne pas être reconnaissant de notre liberté d’expression. Quand on pense qu’il existe encore de nombreux pays dans lesquels il est interdit de lire, d’écrire ou de proclamer son opinion si celle-ci n’est pas politiquement correcte. De quoi frémir !