Etude du comportement féminin en situation de foule...
ou comment éviter les coups de coude d’une acharnée de la broderie dans un Salon d’arts créatifs parisien.
J’ai eu l’occasion, pendant ma visite au salon de L’Aiguille en Fête, vendredi dernier, d’observer le comportement d’un bon nombre de mes concitoyennes, collègues de blog et autres créatures féminines en pleine action. Imaginez des centaines de visiteuses ayant déboursé quelques euros pour pouvoir se ruer sur des stands qui proposent tout ce dont elles ont toujours rêvé pour réaliser le dernier quilt à la mode ou poser quelques petits points sur une toile de lin. Ca crie, ça hurle, ça caquette, ça cause, ça s’esclaffe, bref c’est tout sauf silencieux ! A vous donner le tournis ! Et c’est au milieu de cette foule humaine, si l’on prend le temps de lever le nez, que l’on peut observer des choses fort amusantes.
La Sociable : facilement reconnaissable dans la foule à son sac de courses customisé, la sociable s’est levée à 5h ce matin pour prendre le car qui l’a conduite avec 50 autres de ses compagnes à Paris. Le chauffeur du car a mal à la tête en arrivant et fonce au café boire un petit ballon de rouge avec 3 cachets d’aspirine. Une fois franchit les portes du salon, la sociable se dirige sur les stands, embrasse les joues, échange ses cartes de visites, papillonne, bref se lance dans du networking. A la fin de la journée, elle connaît la majorité des exposantes, son sac de courses déborde et sa petite carte plastique bleue a fait une syncope. De retour dans le bus, la sociable s’endort sur l’épaule de sa voisine. Le chauffeur soupire d’aise !
L’Hystérique ou La Râleuse : elle a campé devant les portes du salon depuis le petit matin pour être la première à les franchir. Ayant pris sa journée RTT, il est hors de question qu’elle gaspille son temps. L’Hystérique ne supporte pas qu’on la fasse attendre. Il faut la servir immédiatement et gare à celles qui auraient l’audace de se mettre en travers de son chemin. L’Hystérique joue des coudes dans la foule, pousse et marche allègrement sur les pieds de ses voisines. Son aspect physique la trahit facilement : elle est énervée, rouge de faciès, la chevelure ébouriffée et jure en abondance. A fuir !
L’Anxieuse : a t-elle bien fermé les portes de sa voiture à clé ? La teinte de ce coupon va t-elle convenir ? Les couleurs ne vont-elles pas dégorger ? A t-elle acheté assez de fils à broder ? Et si elle réfléchissait avant de se lancer dans ce projet ? Et que va t-elle faire à manger ce soir ? Bref, L’Anxieuse aurait dû rester chez elle, d’ailleurs elle agace L’Hystérique qui s’impatiente derrière elle et qui lui a déjà fait une remarque sournoise.
L’Organisée : rien à dire, elle a tout prévu. C’est elle qui déambule, guide du Salon à la main, en traînant soit sa valise soit son caddie et qui fait les stands dans l’ordre alphabétique en cochant ceux qui l’intéresse et mérite une deuxième visite.
La Timide : celle qui aurait bien aimé y aller avec sa copine mais le petit dernier de celle-ci lui a fait une rougeole au dernier moment et la nounou n’a pas voulu lui prendre. La Timide se rend donc seule au salon mais n’ose pas affronter la foule pour s’approcher des stands, surtout de celui sur lequel campe l’Hystérique. Elle a rencontré La Sociable dans une allée mais n’a pas osé lui demander où elle avait trouvé le modèle de son sac customisé. La Timide est celle qui rentrera chez elle avec une petite carte plastique en pleine santé et ne croulera pas sous les paquets. Son mari est un homme heureux !!
La Mère de Famille : celle dont la belle-mère a refusé de garder Gamin Braillard et qui donc traîne sa poussette depuis le matin. D’un autre côté, c’est plutôt pratique pour se frayer un chemin dans les allées encombrées et porter ses achats mais les cris de gamin braillard finissent par user même les nerfs les plus patients. La Mère de Famille finit par acheter en vitesse tout ce qui lui tombe sous la main et s’apercevra en rentrant chez elle, après avoir collé Gamin Braillard dans les bras de son père qui vient juste de rentrer du bureau et ne rêve que d’une bière et de se mettre les pieds sous la table, qu’elle a acheté deux fois le même coupon de tissu et que Gamin Braillard a bavé sur une fiche de point de croix. Dîner ? Quel dîner ?
Et moi dans tout ça, et bien je me suis beaucoup amusée. Je me suis accordée des petits plaisirs, j’ai essayé de tricoter avec des aiguilles du 24, j’ai admiré les œuvres que je n’aurais jamais le temps de faire, j’ai également un peu poussé, râlé et je suis devenue hystérique devant certains stands. Une super journée avec Moutie!