Monsieur le Curé ou le tout dernier salon où l’on s'épile
Mon intérêt en matière de religion s’est arrêté net à l'âge de 16 ans, juste au moment où j’ai commencé à suivre des cours de philo, au lycée. Jusqu'à ce point, je fréquentais régulièrement les bancs de l’église et ceux du catéchisme. Après ça, le doute s’est installé !
Moutie nous soumettait, Cadette et moi, au supplice de la messe le dimanche matin tandis qu’elle restait à la maison avec Monsieur Moutie pour y faire quoi, je m’le demande encore ! Remarquez, cette heure de messe dominicale était rarement ennuyeuse car un des enfants de cœur nous divertissait grandement derrière le dos de Monsieur le Curé (cet enfant de cœur a plus tard fait carrière dans la police !). Je me souviens donc des énormes fous rires qui nous prenaient sur les bancs de cette église si morne, si froide et si triste. Fous rires qui nous valaient d’ailleurs des remontrances et qui nous menaient tout droit au confessionnal.
Monsieur le Curé ne plaisantait pas avec le devoir de confession et c’était environ toutes les 3 semaines que nous étions obligés de passer dans la boîte sous peine de se faire refuser la communion en pleine messe et devant tout le monde. Seulement voyez-vous, à 10-12 ans, on ne commet pas encore beaucoup de pêchés capitaux (du moins moi) et à part les « j’ai menti, j’ai été insolente, j’ai frappé Cadette ou encore j’ai volé la monnaie du lait pour acheter des bonbons en revenant de la ferme », mes confessions manquaient plutôt de teneur.
Et puis, il y avait les cours de catéchisme le mercredi qui étaient encore plus ennuyeux que la messe et pour gagner du temps, nous jouions à cache-cache dans les coins obscurs de l’église. Monsieur le Curé s’était d’ailleurs, au début, prêté au jeu jusqu'à ce qu’il comprenne notre manège.
Mes connaissances, donc, en matière de religions sont assez succinctes et rien de tel que de profiter d’un long après-midi au bord de la piscine pour m’instruire (ok j’arrête de remuer le couteau dans la plaie !). Je viens juste de terminer un ouvrage d’Anita Diamant « Day after Night » qui relate ce moment extraordinaire qu’a été la fuite, en octobre 1945, de plus de 200 prisonniers du camp d’internement d’Atlit, une prison en Palestine pour immigrés “illégaux”, dirigée par l’armée britannique. L’histoire est vécue à travers l’expérience de 4 jeunes femmes juives rescapées des camps à la fin de la seconde guerre mondiale. Pour ceux/celles qui lisent dans la langue de Shakespeare, lancez-vous, c’est fabuleux et vous en apprendrez beaucoup en matière de religion juive. Anita Diamant a d’ailleurs écrit un autre ouvrage qui, lui a été traduit en français, « La tente rouge » et celui-ci est déjà sur ma liste.
Je suis ensuite passée à la religion musulmane avec « Kaboul Beauté » de Deborah Rodriguez. J’ai absolument adoré et je l’ai dévoré en quelques jours seulement.
En 2002, Deborah Rodriguez arrive à Kaboul avec une petite organisation humanitaire. Cette coiffeuse du Michigan, drôle et énergique, est venue en Afghanistan à la fois par désir d'aider les autres et pour échapper à un mari jaloux et violent. N'ayant pas de formation médicale, elle se sent d'abord inutile, mais découvre vite que son expérience de coiffeuse peut changer la vie des femmes afghanes. Les salons de beauté, autrefois la fierté de Kaboul, ont été détruits par les talibans. Et pour cause : c'est l'un des seuls domaines dont le contrôle échappe totalement aux hommes, qui n'ont pas le droit d'y pénétrer. Sans relations et sans argent, Deborah Rodriguez se bat pour monter une école où les élèves puissent suivre une formation d'esthéticienne et acquérir leur autonomie financière. Cette femme déterminée va soulever des montagnes, obtenir des parrainages prestigieux et... réussir ! En 2003, elle crée son école de beauté. Kaboul Beauté est l'histoire de cette personnalité hors du commun, de son école et de ses élèves qui luttent pour leur liberté.
Je finis cet article en laissant ce petit mot pour Monsieur le Curé “pardonnez-moi mon Père de vous avoir fait courir dans l’église, d’avoir ricané derrière votre dos et de ne pas avoir été attentive pendant les cours de catéchisme. » ;-)