Plouf !
En 1873, sur une île au large des Etats-Unis, deux immigrantes norvégiennes sont sauvagement assassinées ; une troisième n'a la vie sauve qu'en se cachant au fond d'une grotte marine. Un meurtre jamais élucidé qui, un siècle plus tard, continue à faire couler beaucoup d'encre.
Plus d’un siècle plus tard, Jean, une photographe américaine envoyée là-bas en reportage, embarque sur un voilier à destination de l'île. Son mari et leur petite-fille âgée de cinq ans, son beau-frère et sa nouvelle conquête, l’accompagne.
Au hasard de ses recherches, Jean découvre le journal de la rescapée du carnage. Au fil des pages, elle se prend d'une étrange sympathie pour cette lointaine exilée, venue perdre sur cet îlot sa jeunesse et ses illusions. Une femme brisée qui, par-delà le temps, la renvoie à sa propre dérive, au lent naufrage de son propre couple.
Bouleversante histoire d'une complicité entre deux femmes séparées par le temps, mais liées par le poids de la culpabilité, ce roman est aussi une exploration subtile des méandres de la jalousie et une impressionnante méditation sur la nature de l'amour.
Comme la majorité des ouvrages d’Anita Shreve, "Le poids de l'eau" est souvent classé dans la littérature sentimentale, (vous savez les livres de poche à la tranche rose qui crient haut et fort dans les transports publics que vous êtes en train de lire un truc pour filles), mais ce n'est pas du tout un Harlequin fleur bleue pour midinette en mal d’amour. Ce roman est extrêmement bien écrit. Et au fur et à mesure que Joan découvre ce qui s’est réellement déroulé en 1873, les relations tendues entre les personnages, les paysages de terres sauvages et arides de l’île, rongent les os et alourdissent les cœurs. Retour dans le temps pour le lecteur qui se trouve, bien malgré lui, entraîné dans ce drame.
Un beau roman sur la culpabilité, doublé d'un mystère qui tient le lecteur en haleine. Par contre, n’oubliez pas de mettre une petite laine en le lisant car toute cette eau, ce vent glacial qui balaye l’île et ce sentiment d’être perdu au milieu de nulle part donnent envie d’allumer un bon feu ou de se coucher sur le radiateur !