Le château de verre
Un jour, j’ai eu le malheur de demander à mes Nains s’ils pensaient que j’étais une mère normale. On m’a répondu « non » ! Aie. Alors, je leur ai demandé si Grande Copine était, elle, une mère normale. Et là, on m’a répondu « oui ». Deux fois aie ! C’est bien connu, c’est toujours mieux chez les autres ! Mais qu’est-ce que c’est exactement la normalité d’une mère ? D’accord, il y a des moments où je suis un « embarrassement », surtout quand je saute dans la piscine toute habillée et quand je chante à tue-tête en voiture et que ma fenêtre est ouverte. Et alors ?
Je viens de terminer la biographie de Jeannette Walls. Et là, je me suis dit qu’elle, au moins, c’était sûr, elle n’avait pas eu une mère normale.
« Je me demandais dans le taxi si je n'étais pas trop habillée pour la soirée quand j'ai aperçu maman en train de fouiller dans une benne à ordures. (.. .) Elle s'était entouré les épaules de chiffons pour se préserver de la fraîcheur printanière et faisait son choix dans la poubelle ».
Jeannette Walls est une chroniqueuse mondaine connue du Tout New York et qui évolue dans le monde des célébrités. Qui pourrait imaginer qu'elle a passé ses premières années dans la misère la plus sordide ? Que son enfance a été une lutte continuelle pour survivre, marquée par un père et une mère d'une excentricité absolue ? Une enfance étonnante dont elle a gardé tard le secret. Et après la lecture de sa biographie, on comprend pourquoi. Espérons qu’un jour, un de mes Nains n’aura pas l’idée de mettre sur le papier mes extravagances !
Jeannette raconte l’histoire poignante de son enfance, entre une mère artiste peintre, fantasque, égoïste, détachée des réalités matérielles et dont le bien-être ne l'intéresse pas - celui de sa progéniture non plus d’ailleurs - et un père alcoolique, mathématicien et bricoleur inspiré, qui caresse le rêve fou de bâtir une maison de verre dans le désert. Mais il noie ses projets dans l'alcool. De l'égoïsme de ces deux marginaux, jeannette a souvent souffert.
Fuyant la misère, et pour échapper au fisc, la famille doit sillonner l'Amérique. Les enfants Walls sont en permanence confrontés au froid, à la faim, au danger. Jeannette, ses deux sœurs, et son frère devront réussir à composer avec des parents qui ne savent pas s'intégrer dans le modèle social et veulent élever les enfants au milieu de la nature en oubliant le monde de la consommation.
Pourtant quel enfant a jamais pu caresser un guépard au zoo, avoir une étoile pour son anniversaire ou rêver sur les plans d'un château de verre en plein désert, dessiné par un père visionnaire ? De l'absolue liberté de ces deux anticonformistes, clochards célestes et pleins d'amour, les enfants Walls ont, plus que la faim ou la honte, hérité d'un formidable appétit de vivre... Et on se demande en lisant ce livre si quelques fois ces parents marginaux n’ont pas un peu raison et s’il ne faudrait pas de temps en temps lâcher la bride à nos Nains gâtés pourris par notre société de consommation ! J’ai adoré !
Allez va jouer à la décharge mon Nain !