Libérez nos plastiques !
Je pense que la Malaisie n’a pas encore réalisé que la libération de la Femme s’est produite il y a plusieurs années déjà. Je n’irai pas jusqu'à brûler mon soutien gorge dans la rue pour le leur prouver, mais une visite à la banque pour obtenir une petite plastique m’a confirmé, qu’ici, la Femme n’est toujours pas l’égale de l’Homme.
En rentrant dans l’agence, on tombe de suite sur les portraits du Roi, Sa Majesté Al-Wathiqu Billah Tuanku Mizan Zainal Abidin Ibni Al-Marhum Sultan Mahmud Al-Muktafi Billah Shah Yang Di-Pertuan Agong et de son épouse, la Reine (mais là, je vous épargne son nom). Seulement, voilà, le hic, c’est que Madame Mahmud est accroché 10cm plus bas que son époux. Curieuse coïncidence, celui qui a planté le clou aurait-il eu le compas dans l’œil ou fait exprès ? Et bien en sortant de la banque, on ne se pose même plus la question.
Mes désillusions ont commencé lorsque Monsieur 3xrien a exprimé le souhait de me donner accès à son compte en banque. Le conseiller l’a regardé de travers. Et bien oui,jusqu'à présent, je ne vivais que des miettes que me jetait mon bien-aimé à travers les barreaux de ma cage mais depuis que j’ai obtenu mon visa, la semaine dernière, je veux une plastique ! Et là, ça se corse !
Monsieur 3xrien ayant ouvert son compte en banque tout seul, comme un grand, ne peut plus le partager avec celle qui pourtant lave ses culottes sales. Il faut ouvrir un deuxième compte, qui lui sera commun. Qu’à cela ne tienne. Mais attention, la plastique de Fille Aînée ne sera pas vraiment la sienne car c’est Monsieur 3xrien qui en garde les droits, comme celui pourtant évident de l’activer. Entendez donc que sans Monsieur 3xrien, je ne suis rien ! Quelle partie du mot « commun » n'aurais-je pas saisi ?
Pour ouvrir ce compte dit « commun », Monsieur 3xrien a du écrire une p’tite bafouille confirmant que, moa, Madame 3xrien, son épouse de longue date, réside bien avec lui au même domicile. Et…. (je vous garde le meilleur pour la fin), que nous habitions également ensemble, ces 17 dernières années, dans notre île chaude et humide (on ne sait jamais, au cas où Monsieur 3xrien aurait changé d’épouse au moment du transfert et lâchement abandonné l’ancienne). Je suis passée au rouge d’un seul coup.
Inutile de vous dire que ça a continué comme cela pendant une heure et demie au bout desquelles, j’ai tout simplement quitté l’agence et je suis allée attendre Monsieur 3xrien dans un café en face. Pendant tout ce temps, personne ne m’a adressé directement la parole, mais on parlait de moi, p’ove chose assise sous la climature glacée et courant d’aireuse, comme « elle », « sa femme », « votre femme ». De toute facon, avec la pneumonie que je vais me choper demain, y’aura plus personne et Monsieur 3xrien l’aura pour lui tout seul son nouveau compte dit « commun » !
Deux heures et demie plus tard d’humiliation, j’ai enfin obtenu ma plastique, mais je peux vous assurer qu’elle me reste en travers de la gorge. Je suis également repartie avec un cadeau de la banque (pour ma patience, mon calme, mon fairplay ?). Une tirelire hideuse, laide et « à chier » que je ne manquerai pas de jeter à travers les vitres de la banque à mon prochain passage.
Après une conversation avec une de mes nouvelles amies, je m’en sors plutôt bien. Le conseiller de la banque a demandé, devant elle, à son mari s’il désirait mettre une limite sur la carte de crédit de son épouse. Cette dernière, Italienne de son état, a frisé l’apoplexie et a failli passer au meurtre lorsque le conseiller a réitéré sa demande plusieurs fois de suite. Mais eh, oh, on n’est pas que des accessoires, non ?
Et pour enfoncer le clou, la semaine dernière, un des défenseurs des droits à l’éducation des filles a reçu des coups de feu. Celui qui lui a tiré dessus était un musulman radical. Je n’en dis pas plus !