Et le Punk dans tout ça ?
Voilà une année qui commence sur les chapeaux de roue et j’en ai déjà la tête qui tourne. Va vraiment falloir que je négocie cette idée des 9 vies avec le Félin !
Grand Nain avait décidé, cette année (ou plutôt l’année dernière), de passer son Nouvel An avec Jeune Homme. C’est la première fois que Monsieur 3xrien et moi sommes négligés de la sorte. Mais, bah, il faut bien que l’oisillon s’envole, un jour, du nid !
Le Nain en question avait prévu une soirée Steampunk dans les rues de Cornouailles. Et comme si je pouvais refaire ma vie je serais costumière, je l’ai supplié de me laisser faire sa jupe.
Le Steampunk est un courant essentiellement littéraire dont les intrigues se déroulent dans un XIXe siècle dominé par la première révolution industrielle du charbon de la vapeur. D’où « steam » signifiant « vapeur » en français. Il s’agit en fait d’une uchronie (avez-vous vu comme je sors les grands mots en ce début d’année !), un genre qui repose sur le principe de réécriture de l’histoire en modifiant le passé. On parle ainsi de présent uchronique alternatif ! Du coup, je vous en ai mis plein les yeux !
Douglas Fetherling (poète canadien) écrit « le Steampunk est un genre qui imagine jusqu'à quel point le passé aurait pu être diffèrent si le futur était arrivé plus tôt ». Personnellement, je ne sais pas ce qu’il a fumé, mais j’aimerais bien avoir la même chose !
Esthétiquement, l’allure vestimentaire du Steampunk trouve son inspiration dans la mode de l’époque victorienne en Angleterre, mais aussi celle de la Belle Epoque en France. Les costumes sont souvent modernisés par l’ajout d’accessoires mécaniques aux engrenages apparents et s’inspirent des personnages de Jules Verne et de H.G. Wells. Si comme moi, vous étiez fan des Mystères de l’Ouest ou de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, vous comprendrez de suite de quoi il en retourne.
L’esthétique du Steampunk se rapproche de la mode gothique et inclut des éléments vestimentaires comme corset, redingote, veste militaire et jupe longue.
Et le « punk » dans tout ça ? Et bien, je n’en suis pas très sûre mais c’est l’écrivain américain Kevin Jeter qui, en 1987, lance le concept en utilisant le mot Steampunk pour décrire les fictions victoriennes qu’il vient de pondre. Histoire de se rendre intéressant j’imagine, mais le plus curieux est que maintenant, le terme est passé dans le vocabulaire courant. En France, les adeptes sont appelés des Vaporistes.
Maintenant que vous comprenez mieux le concept, revenons-en à mon Nain et sa soirée de Nouvel An.
Pour cela, il faut retourner sous mes Tropiques. Parce que 6 mètres de taffetas et 20 mètres de dentelle noire m’aurait mis sur la paille avant même de commencer si j’avais acheté les matériaux en France ! Prix de revient du costume : à peine moins de 15 euros.
Je n’avais pas de patron. Tout est sorti de ma tête et surtout de mon Site de Perdition. À la base, une jupe trapèze rallongée jusqu’au sol et dessinée à même le tissu en retenant mon souffle. Remarquez, même si j’avais foiré cette étape, j’aurais pu, sans problème, refaire un tour à la boutique. Sauf que… c’était une question de principe et surtout de fierté maternelle. Je ne disposais que des mesures du Nain qui correspondaient, à peu près, aux miennes (j’ai bien dit à peu près !).
Le devant et le dos de la jupe ont été coupés sur le pli. Mais le dos a, lui, été divisé en trois parties égales pour inclure les volants coupés séparément.
J’ai également coupé un empiècement. Les mesures de la partie devant correspondent pile poil aux mesures du ventre du Nain tandis que la partie dos de l’empiècement a été coupée deux fois plus grande pour pouvoir être froncée. Je ne voulais pas inclure de fermeture à glissière et je vous avoue y être allée un peu au pif. Il fallait impérativement que passent les hanches et c’est en me basant sur les miennes (qui ne mentent jamais !) que j’ai coupé mes bandes élastiques.
À l’essayage, seule devant mon miroir, j’étais boudinée. Mais c’est ce qu’il fallait vu que le Nain a une taille plus étroite que la mienne. Pffff !
Est ensuite venu le moment de la pose dentelle. Sur chaque volant. Péniblement. Pendant longtemps. En regardant un film, des documentaires & en écoutant un livre. Bref, vous vous l’imaginez, cette étape a duré une éternité mais je peux, en toute connaissance de cause, vous parler maintenant de l’Iliade & l’Odyssée. Merci Homère mais je ne suis pas certaine d’avoir tout retenu !
La jupe en question a fait le voyage dans ma valise et à l’arrivée, trouvé 6 boutons à la recyclerie locale car bizarrement, on ne vend plus de bouton sous mes Tropiques.
J’ai également rajouté quatre baleines sur le devant de l’empiècement pour l’empêcher de se replier sur lui-même.
Mon Nain a été ravi du résultat mais ingratement (oui ça existe !) a négligé de prendre des photos in situ. Il lui a fallu des jours avant de m’envoyer ces quelques photos et si jamais vous vouliez voir le devant de la jupe, il vous faudra probablement attendre des semaines, voire des mois !
En fermant les yeux, imaginez que j’ai réalisé deux coulisses sur le devant de la jupe dans lesquelles j’ai glissé un ruban. Mon Nain est ainsi libre de remonter, à sa guise, le devant de la jupe pour exposer ses gambettes chaussées de bottines.
Bon l’essentiel est que mon Nain ait passé une excellente soirée. J’espère que la votre a été tout autant excellente.