L’AEF, c’est de la gnognotte !
En ce moment, vous me faites toutes baver d’envie avec vos reportages sur l’AEF. Moi aussi, j’avais envie d’y aller cette année, de faire la queue pendant 1h dans le froid, de me faire bousculer par une bande d’hystériques, de jouer des coudes devant les stands, de me faire rouler sur les pieds par les valises de celles qui dévalisent le salon, d’arracher des mains le dernier bout de tissu convoité et de payer des sommes folles pour des articles qui de toute façon sont faits chez moi. Mais voilà, cela n’aurait pas été raisonnable. J’ai déjà fait le coup à Monsieur 3xrien l’année dernière : je lui ai laissé la garde des Nains que j’ai retrouvés, 3 semaines plus tard, nourris à la pizza – coca. Alors, cette année, je n’ai pas osé !
Pour me consoler, j’arpente les rues de mon île chaude et humide, j’explore le quartier des marchands de rubans, boutons et tissus et croyez-moi, en cherchant bien, j’y trouve à peu près la même chose qu’à l’AEF mais à des prix défiants toute concurrence. Une de mes amies brodeuses a exposé deux ans de suite à l’AEF et c’est, selon elle, un des salons les plus chers d’Europe. Alors on comprend qu’il faille gonfler les prix pour amortir le coût de location du stand. Par contre, ici, la saleté, la poussière et le fouillis local ne coûtent presque rien.
Un exemple : le tissu
Il y a deux façons d’acheter du tissu chez moi. La façon « échantillon » qui consiste à sélectionner son tissu sur des petites cartes échantillons comme celles-ci :
Et là, ça peut vite tourner à l’overdose !
Dans ce cas-là, deux possibilités : soit le grossiste a du stock dans son arrière-boutique et vous êtes de suite comblée, mais ce à condition de ne pas en vouloir moins de 3 mètres (facile), soit vous passez commande et vous serez livrée le lendemain car votre rouleau de tissu vous attend de l’autre côté de la frontière, en Chine. Mais bon, quand on sait que le tissu coûte moins de 2 euros le mètre, on peut se permettre d’être patient !
Si vous êtes comme moi, et que vous n’avez besoin que de toutes petites quantités pour faire des mini patch, vous pouvez toujours récupérer plusieurs cartes d’échantillon ; elles sont gratuites !
Et puis, il y a la façon traditionnelle : celle du bon vieux rouleau de tissu enfoui sous les autres. Vous savez, celui qui va être impossible à sortir de la pile ! Vous pouvez tripoter les tissus à loisir, dénicher LE coton de la future robe de vos rêves. Mais là par contre, soyez certaine de votre choix car une fois que le vendeur aura démonté la moitié de la pile pour en extirper votre rouleau, pas question de changer d’avis.
Je vous invite donc à découvrir ma caverne d’Ali Baba : 6 allées bourrées à craquer de tissus, sous un toit de tôles ondulées qui doivent s’envoler à chaque typhon, nichées dans un coin de rue : le Hawker Bazar. Je l’avais découvert par hasard, il y a 6 ans, et puis j’en avais perdu l’adresse. Et là, dernièrement en faisant mes courses, j’ai reconnu l’endroit. L’extase ! C’est sale, poussiéreux, ça sent mauvais, mais si c’est à ça que ressemble le paradis, je veux bien y aller avec un masque et un tuba ! Mon seul conseil, maîtriser quelques rudiments de la langue locale ou s’armer d’une calculatrice.
Alors, convaincues ? De toute façon, j’irai quand même à l’AEF, l’année prochaine, mais avec un oeil de faucon. On ne videra pas ma bourse en toute impunité ! Et tant pis, si j'ai des Nains ballonnés en rentrant.