Entamons cette nouvelle année dans la joie, la bonne humeur et la relaxation totale. Youpi ! Enfin libre !
Pas facile en effet de vivre à 9 sous le même toit, pendant une semaine. Et encore, je n’ai pas à me plaindre, nous avons assez d’espace pour ne pas être les uns sur les autres et ne pas s’arracher les yeux au bout de 2 jours.
Nos invités étaient modèles, vraiment modèles. Des invités qui ont rempli le frigo, fait les courses, préparé les repas, fait la vaisselle, n’ont laissé traîner aucune de leurs affaires, n’ont pas hésité à explorer tout seuls et qui ont contribué systématiquement aux dépenses quotidiennes, aux frais d’essence et de parking. Ils ont même racheté du savon pour la salle de bain ! Modèles, je vous dis. Sauf que… ils sont venus avec leurs Nains !
Des Nains démoniaques. Des Nains qui répondent au « touche pas à ça » par du « je mets les mains sur tout », ouvrent les placards, le frigo, sans bien sûr rien refermer, s’amusent avec les robinets et les laissent couler, foutent la trouille aux félins en les arrosant à la piscine, bref… même Attila aurait eu du mal à les égaler.
Nous avons passé les premiers jours de leur séjour à cacher les bibelots de prix, fermer les portes, éteindre les lumières, essuyer les marques de doigts graisseux sur les tableaux, arrêter les climatures quand les portes étaient grandes ouvertes et rassurer des félins pétris de peur cachés sous la couette de notre lit. On aurait dit un vrai pugilat. Toutes les excuses étaient bonnes pour sortir et abandonner derrière nous la scène du carnage.
Ils sont partis très heureux de leur séjour en nous promettant de revenir bientôt. L’envie furieuse de déménager sans laisser d’adresse nous a traversé l’esprit. Depuis, nous avons du appeler le plombier en urgence pour cause de toilettes bouchées par une consommation effrénée de tellement de papier que la forêt amazonienne en a pris un coup ! Notre internet a fait la grève de la faim et nos félins ont perdu leurs poils !
Lorsque l’on est expatrié depuis 20 ans, on en voit passer du monde. Surtout avec une telle destination. On aurait pu choisir la Roumanie, la Mongolie ou encore l’Ethiopie et là je pense que le nombre des visites auraient grandement chuté. Malheureusement non et on en a vu des vertes et des pas mûres qui, sur le coup ne nous ont jamais fait beaucoup rire, mais à présent, sont evoquées avec une certaine nostalgie. Il y a eu :
Ceux qui prennent le terme « invités » au pied de la lettre et se croient à l’hôtel. Ceux-là demandent à être pris en charge du début jusqu'à la fin - « tu m’emmènes où aujourd’hui ? », profitent des services proposés par la maison (lessive/repassage) sans pour autant remercier SuperNanny, s’attendent à ce que toutes les entrées de musées/sites touristiques/restaurants leur soient offertes, ne participent à aucune dépense quotidienne – « t'as pas racheté de pain ? » - et repartent avec de merveilleux souvenirs de vacances tellement bon marché qu’on y reviendra, c’est sûr.
Ceux qui ne se rendent pas compte que le coût de la vie est beaucoup plus élevé qu’à la maison, qui pensent qu’ « expatrié » rime avec « porte-monnaie gonflé », vivent aux frais de la princesse pendant toute la durée de leur séjour et qui de ce fait arrivent avec à peine d’argent de poche pour s’acheter une bouteille d’eau minérale. Comme leurs hôtes finissent en général par en avoir ras la casquette au bout de quelques jours, ces invités-là finissent inévitablement au bord de la piscine quand l’escarcelle est vide. On n’explore plus, on ne mange plus, on ne boit plus !
Dans cette catégorie-ci, nous avons eu le couple qui dès le premier soir au pub, a failli s’évanouir en découvrant le prix d’une pinte de bière et qui pour oublier son chagrin et sa déconvenue a tout dépensé dans la boisson. Nous avons retrouvé l’un d’eux dans notre armoire de chambre à coucher, en plein milieu de la nuit, au cours d’une vaine tentative de vidage de vessie, désorienté par le décalage horaire et soyons franc, imbibé de nectar ambré. Il a ensuite fini la nuit dans la baignoire ! Ce couple-là nous a quitté 15 jours plus tard en laissant derrière eux une veste qui je pense a du se perdre dans le courrier postal lorsque nous avons omis de la renvoyer.
Il y a ceux aussi qui veulent bien mais « tu comprends, nous sommes en vacances ». Ils se lèvent en général en milieu d’après-midi, s’étonnent que la vaisselle soit déjà faite « mais je t’avais dit que je comptais la faire », pensent que le frigo se remplit de lui-même, proposent de faire le dîner mais sont toujours au bord de la piscine à la tombée de la nuit quand les Nains sont déjà couchés et vous demandent si vous avez pensé à acheter tous les ingrédients. Ce sont des ingénus, des idéalistes, qui sont surpris que votre char à filles ne carbure pas à l’air pur et que les parkings soient si chers.
Rassurez-vous, nos invités n’ont pas tous été comme ça. Mais au cas où, nous avons trouvé l’activité parfaite pour détendre des nerfs à fleur de peau : le batik. Même Monsieur 3xrien en redemande. C’est dans un petit oasis de calme en plein cœur de la ville que nous passons de longues heures à peinturlurer des kilomètres de toile.
Dans quelques semaines, nous accueillons nos prochains visiteurs. Si on les emmène faire du batik, vous saurez pourquoi !
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