Saga familiale : La cueillette des mûres
Je ne suis pas confiture. Non, je préfère, au petit-déjeuner, une bonne tartine de pain frais, beurrée, trempée dans un café bien noir non sucré. Mais s’il faut vraiment que vous insistiez sur la confiture, alors c’est LA gelée de groseilles de Moutie et pas une autre.
Ah ce petit goût acidulé qui vous fait transpirer des joues, cette jolie couleur rouge, il faut l’avoir goûtée pour comprendre. Malheureusement, Moutie ne fait plus pousser de groseilliers dans son potager et du coup, j’ai cessé de manger de la confiture au petit-déjeuner. Remarquez, je me souviens d’avoir ramassé les fruits puis de les avoir égrené à la fourchette, et c’était plutôt pénible. Je comprends donc que Moutie ait préféré passer à autre chose.
Il y a donc eu la période des confitures de mûres. Nous partions Cadette et moi avec un panier, dans le petit chemin derrière la maison, et revenions les doigts tous noirs. Cadette les mangeait au fur et à mesure (la P’tite Brune suit à présent les traces de sa mère et mange les fraises directement dans le champ) et en avait la bouche toute barbouillée. Moi, je ne les aime pas car j’ai horreur de ces petites graines qui se coincent dans les dents. Et dans les heures qui suivaient, nous humions, nasaux au vent, les effluves des baies qui cuisaient dans la cuisine.
Je me suis toujours dit qu’un jour moi aussi je m’y mettrais, ne serait-ce que pour sentir à nouveau cette odeur d’enfance se répandre dans ma cuisine à moi et laisser à mes Nains les mêmes souvenirs. Mais les fruits, ici, sur mon île chaude et humide, n’ont pas de goût. A moins que je ne me lance dans la confiture de bananes ou d’ananas !
Ne manquez pas mon prochain rendez-vous. Je vous parlerai de mes animaux domestiques !