Le week-end dernier, Monsieur 3xrien, deux de nos Nains et moi-même, sommes partis en balade à Malacca. Ce n’était pas loin mais ca représentait un grand bol d’air frais car depuis quelques semaines je commence à tourner en rond. J'aspire au changement !
Samedi matin, tout le monde est sur le pont. Je m’active, je sers le petit-déjeuner (œufs brouillés, maquereau fumé, avocat, la totale !), fais la vaisselle, les lits, range, donne à manger aux félins en leur rappelant d’aboyer très fort si quiconque s’avisait d’approcher la maison pendant notre absence, bref, je cours dans tous les sens. En passant dans le couloir pour sortir la poubelle, je remarque l’Homme assit sur le canapé en train de jouer à Candy Crush !
D’un ton mielleux, qui aurait du lui mettre la puce à l’oreille, je lui demande si tout va bien. L’Homme lève les yeux et d’un air absent me demande si je suis bientôt prête à partir. La sueur qui me coule dans les yeux m’empêche de bien apprécier ma cible mon mari. Il est à peine 8 heures du matin et déjà j’ai parcouru l’équivalent de trois champs de course ! L’Homme, lui, a à peine bougé un muscle dans ce laps de temps. La très forte envie de lui renverser la poubelle sur la tête me prend subitement.
Il a du sentir la tension, le bougre ! Une onde de terreur lui passe dans les yeux, il se lève prestement et fuit disparaît dans le garage pour, déclare t-il « préparer la voiture ». Je lâche ma poubelle, essuie mon front ruisselant et renonce à l’idée de polluer mon canapé avec des restes de poisson car, au final, qui va nettoyer après ce moment d’humeur ???? hein ???? On respire à fond, on oublie et on se souvient que la vengeance est un plat qui se mange froid.
Il nous a fallu 2 heures pour arriver à Malacca. L’Homme avait exprimé le souhait de séjourner dans un « boutique hotel », c’est-à-dire, un petit hôtel de charme, plein de caractère. Lorsque nous sommes arrivés au Rosa, l’Homme est énormément remonté dans mon estime. C’est en effet un lieu charmant et je kiffe grave la déco ! Genre, je veux tout emporter dans ma valise au moment du check out.
Nous avons commencé notre exploration de la ville sitôt posées nos valises. C’est la deuxième fois que nous venons à Malacca mais j’ai l’impression de découvrir à nouveau les lieux. Il faut dire que la première fois, nous n’y sommes restés qu’une seule journée et c’était il y a 8 ans.
Comme l’idée farfelue de parcourir la ville à pied, en pleine chaleur, nous a prise, c’est en partant dans la mauvaise direction pour nous rendre dans le centre ville que nous avons découvert la prison. Comme quoi les choses sont bien faites !
Une façade qui ne paye pas de mine mais l’envie irrésistible de voir comment se présentent les lieux de l’autre côté du mur nous a poussé à entrer.
Ce bâtiment a été construit en 1860 et c’est seulement en 2014 que la prison est devenue un musée et ses occupants déplacés, au plus grand soulagement des Nains. À l’intérieur, tout a été préservé et l’intégralité des lieux est accessible à la visite.
Couloir menant aux cellules
Grand confort visiblement
La salle de bain commune (notez le manque d'intimité)
Je dois vous avouer que j’ai ressenti un léger malaise à la vue de la salle de pendaison et je suis passée rapidement dans le couloir. Par contre, je suis rentrée dans les cellules pour admirer les graffitis laissés par les prisonniers.
Compter les jours jusqu'à la libération
Ce que j’ai le plus apprécié, ce sont les archives listant chaque détenu avec photo et détails à l’appui. Je vous rappelle que Malacca était sous régime britannique pendant très longtemps (jusqu’en 1957) et un simple larcin était punissable de 15 jours de prison à cette époque.
La couleur des uniformes en fonction de la sévérité des délits
Le 'rice cooker' (la casserole pour cuire le riz !!)
Nous avons fini par reprendre la voiture pour nous rendre dans le centre ville.
J’avais fait une fixation sur la Maison du Gouverneur. Qu’est-ce que c’était joli sur les photos mais comme tout, en Malaisie, il faut se méfier ! Après avoir payé un droit d’entrée exorbitant (et au passage, je mentionne le fait que les étrangers payent le double des Malaisiens !), nous avons franchi les portes d’une bâtisse dilapidée, pour admirer les « cadeaux » reçus par le gouverneur de Malacca. Si vous souvenez bien, je vous avais présenté une demeure similaire à Kuala Lumpur ICI et qui plus est, avait un droit d’entrée gratuit.
Au bout du compte, nous nous sommes consolés en espérant que notre généreuse donation servira à réparer la façade qui tombe en lambeau, à moins qu’elle ne tombe dans la poche d’un responsable (pas la façade mais la donation bien sûr !). On ne sait jamais ici.
En sortant, nous avons trouvé le Stadthuys, l’ancien hôtel de ville.
Malacca a, tour à tour, fait la convoitise des portugais, des hollandais et enfin des britanniques du fait de sa position stratégique dans le détroit de Malacca. C’est le plus ancien port de la Malaisie. Il subsiste donc de nombreuses traces de ce passage occidental mais c’est l’influence hollandaise que nous remarquons le plus. Surtout au niveau de l’architecture.
Le Dutch graveyard (cimetière néerlandais), lui par contre, ne compte que 5 tombes hollandaises. Ce sont les plus anciennes et elles datent du 17eme siècle (entre 1670 et 1682). Les autres sont des tombes britanniques. À cette époque, difficile de résister à la malaria ou la dysenterie. C’est pourquoi nombreux sont les enfants enterrés ici.
Les racines des arbres soulèvent les pierres tombales, à moins que certains ne cherchent à s'échapper !
Au pied de l’hôtel de ville attendent les trishaws pour promener les touristes. Ce sont de gros tricycles décorés, à l’origine de fleurs en papier, mais depuis quelques temps, la tendance a changé. C’est dommage. Je ne suis pas certaine que voyager à côté de Baby Shark soit vraiment dans nos priorités.
À moins que vous ne préféreriez My Little Poney !
Et puis si c’est pour devenir à moitié sourd pendant l’excursion, non merci ! Nous décidons sagement de faire l’impasse.
Nous préférons de loin visiter le centre-ville à pied.
Et surtout Jonker Street, l’artère principale de Chinatown. Avant, on pouvait y trouver des antiquaires sympas mais de nos jours, c’est plutôt piège à touristes. Nous nous contentons d’admirer les façades des maisons.
Comme il était impératif de recharger les batteries, nous avons choisi d’aller goûter la spécialité locale : le chicken rice ball.
Le chicken rice est un de mes plats favoris mais ici, il s’agit de petites boules de riz cuit dans le bouillon de poulet et c’est tout aussi délicieux !
Sans oublier le Otak Otak, une pâte de poisson légèrement épicée
Et puis quel cadre ! Ça titille les papilles autant que les mirettes !
Il me faudrait une cloche comme celle-là pour appeler les Nains à table !
Le week-end, à partir de 18 heures, Jonker Street s’anime avec le marché nocturne. Toujours les mêmes souvenirs et bibelots sans intérêt mais c’est toujours amusant de prendre un bain de foule. Et ce n’est pas parce qu’on sortait à peine de table que ça a dissuadé Monsieur 3xrien de goûter aux gâteaux farcis à la pâte de haricot rouge. C’est assez particulier mais on n’a pas vécu tant qu’on n’a pas essayé !
Comme un chou, le principe est simple : vous choisissez celui qui a une bonne tête, il est ensuite rempli à la seringue, puis cuit pendant quelques minutes à la vapeur.
Moi j’ai fait l’impasse. En pleine digestion, rien que la vue de ces gâteaux m'a donné envie d'exploser.
Bon, la journée a été longue et les esprits bien fatigués, je vous propose de rentrer.
La semaine prochaine, je vous relaterai la deuxième partie de notre périple.